(Alexandre D’Astous)-Le premier ministre du Québec, François Legault, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration Jean Boulet, et la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, ont annoncé l’Opération main-d’œuvre, soutenue par un investissement de 3,9 milliards, dont 2,9 milliards en crédits additionnels, pour s’attaquer à la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs.
Première phase d’une offensive évolutive, cette opération s’inscrit dans un contexte de vieillissement accéléré de la population combiné à une croissance économique vigoureuse. C’est un défi auquel le Québec devra faire face pour les dix prochaines années.
80 mesures
Devant l’ampleur des défis, près de 80 mesures ciblant principalement six domaines d’activité sont présentées. Ces mesures mettent avant tout l’accent sur trois services publics essentiels et sur trois domaines économiques stratégiques, qui s’inscrivent dans l’ambitieuse vision économique du Québec.
« On lance l’Opération main-d’œuvre pour s’attaquer à la pénurie de main-d’œuvre. On annonce près de 80 mesures concrètes pour aller chercher 170?000 travailleurs additionnels d’ici 5 ans. On parle d’un investissement de 3,9 milliards! Avec les mesures qu’on présente aujourd’hui, on veut fournir rapidement plus de main-d’œuvre à des secteurs névralgiques pour le Québec. Ça va permettre d’offrir des services publics de qualité, de bâtir des infrastructures d’avenir dans toutes nos régions et d’accélérer la croissance de nos entreprises dans des secteurs stratégiques », déclare François Legault.
Services publics essentiels
Pour les services publics essentiels — le secteur de la santé et des services sociaux, dont la santé mentale et la protection de la jeunesse, le secteur de l’éducation et celui des services de garde à l’enfance —, des efforts particuliers seront consentis dans le but d’intégrer 60?000 personnes qualifiées supplémentaires et d’assurer ainsi les services à la population.
« Les défis liés à la main-d’œuvre sont structurels et inscrits dans la durée. Nous en subirons les effets au cours des dix prochaines années au moins. Les mesures présentées aujourd’hui sont une nouvelle phase d’un travail interministériel que nous avons entrepris dès notre arrivée au pouvoir. Je mise énormément sur les mesures en éducation qui visent à rendre les conditions d’apprentissage aussi attrayantes que possibles, tant pour la formation que pour la requalification et le rehaussement des compétences. Une main-d’œuvre qualifiée est essentielle non seulement pour soutenir notre économie, mais aussi pour assurer la continuité des services offerts à la population. Nous nous attaquons donc au phénomène de façon musclée en nous assurant que nos travailleurs possèdent les outils les plus performants pour participer pleinement à la prospérité du Québec », mentionne le ministre Jean Boulet.
Organisation du travail
Soulignons également que les mesures annoncées aujourd’hui vont permettre d’augmenter l’embauche de personnel en plus d’améliorer l’organisation du travail et les conditions de travail pour favoriser le maintien en emploi des employés.
Le gouvernement a également retenu trois secteurs stratégiques pour l’économie du Québec, qui offrent des emplois bien rémunérés, soit les technologies de l’information, le génie et la construction. Ces domaines sont ciblés, d’une part, parce qu’ils font face à des défis importants de main-d’œuvre et, d’autre part, parce qu’ils participent à l’accroissement de la productivité des entreprises de différents secteurs d’activité. Au total, 110 000 travailleurs qualifiés seront ajoutés dans ces secteurs.
Avec cette opération ambitieuse, le gouvernement, de pair avec les entreprises, se fixe pour objectif d’attirer, de former et de requalifier 170?000 travailleurs dans les secteurs ciblés. Comme l’éducation demeure sa grande priorité, le gouvernement aidera les Québécoises et les Québécois à développer leurs compétences en rendant la formation plus attrayante dans ces domaines, grâce notamment à un soutien financier et à des approches « alternance travail-études ».
Parallèlement à la mise en place de ces mesures, le gouvernement misera, entre autres, sur la régionalisation de l’immigration pour répondre aux besoins en matière de main-d’œuvre de toutes les régions du Québec.
Enseignement supérieur : des bourses incitatives pour les disciplines clés dans les services essentiels et les secteurs économiques stratégiques
L’une des mesures phares que le gouvernement met en place consiste à déployer un important programme de bourses incitatives en enseignement supérieur afin d’accroître le nombre de personnes qualifiées dans les professions en manque de main-d’œuvre dans les services publics essentiels et les domaines stratégiques pour l’économie du Québec. La mise en place du programme permettra d’augmenter la diplomation dans ces disciplines au cégep et à l’université.
« L’enseignement supérieur a un rôle de premier plan à jouer pour former davantage de travailleurs qualifiés. C’est ainsi que nous nous assurerons d’offrir des services publics de qualité aux Québécoises et aux Québécois, en plus de favoriser une économie prospère. Les réseaux collégiaux et universitaires forment la majorité de ces travailleurs, mais il faut accélérer le rythme. Il faut attirer plus d’étudiants dans les domaines fortement en demande, afin d’assurer une meilleure adéquation entre les choix de carrière des jeunes adultes et les nombreuses possibilités qu’offre le marché de l’emploi. Nous croyons que l’ambitieux programme des Bourses Perspective Québec est un incitatif fort pour stimuler et accélérer la diplomation dans les domaines ciblés », commente la ministre Danielle McCann.
Les professions ciblées sont notamment les analystes, les programmeurs, les ingénieurs et technologues en génie, les infirmières cliniciennes et auxiliaires, les inhalothérapeutes, les psychologues, les travailleurs sociaux, les enseignants aux niveaux préscolaire, primaire et secondaire ainsi que les techniciens en éducation spécialisée et les éducatrices en services de garde à l’enfance.
Le programme permet d’accorder, en plus des aides déjà prévues par le Programme des prêts et bourses actuel, des bourses incitatives après chaque session réussie à temps plein :
1?500 $ au collégial, soit une bourse totale de 9?000 $ pour un programme de trois ans;
2?500 $ à l’université, soit une bourse totale de 15?000 $ pour un programme de trois ans et de 20?000 $ pour un programme de quatre ans.
Tous les étudiants québécois inscrits à temps plein dans les domaines prioritaires déterminés seront admissibles, qu’ils soient en début, au milieu ou encore à la fin de leur cheminement, et ce, dès la session d’automne 2022.
Le coût de la mesure est estimé à 1,7 milliard de dollars d’ici 2025-2026.
Photo: François Legault (Photo capture d’écran)