(Alexandre D’Astous)-Le manque de pharmaciens d’établissements continue d’affecter lourdement le Bas-Saint-Laurent. Selon les résultats de la dernière enquête annuelle de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (A.P.E.S.), la région enregistrait un taux de pénurie de 29 %.
L’A.P.E.S. réclame des actions rapides afin de résorber la situation et d’éviter des conséquences trop importantes sur les soins et services à la population.
Au 1er avril 2020, 13 postes de pharmacien en équivalent temps complet (ETC) étaient non comblés sur un total de 45 postes au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) du Bas-Saint-Laurent. Le CISSS a d’ailleurs eu recours aux services de pharmaciens dépanneurs pendant 239 jours entre le 1er avril 2019 et le 31 mars 2020.
À l’échelle du Québec, un poste de pharmacien d’établissement sur cinq (19 %) était non comblé. L’enquête annuelle 2020 a révélé 286 postes non comblés en ETC et 5503 jours de dépannage. Considérant la période couverte, les données ne permettent d’ailleurs pas d’évaluer les effets de la pandémie de COVID-19, qui a possiblement aggravé la situation.
La pénurie nuit à la couverture de soins
« Nous sommes arrivés à un point où la pénurie nuit à la couverture de soins pharmaceutiques offerte aux patients hospitalisés, ambulatoires et hébergés en CHSLD. Or, dans un contexte de vieillissement de la population et d’explosion des problèmes de santé aigus et chroniques, un établissement de santé doit pouvoir compter sur un nombre suffisant de pharmaciens. En tant qu’experts des médicaments, ceux-ci doivent faire partie plus systématiquement des équipes de soins, dans une logique d’interdisciplinarité », déclare Linda Vaillant, pharmacienne et directrice générale de l’A.P.E.S.
Outre la découverture de secteurs importants, tels que l’urgence et les CHSLD, l’insuffisance de soins pharmaceutiques en établissement de santé a plusieurs conséquences négatives :
– l’augmentation des risques d’incidents et d’accidents médicamenteux;
– l’allongement de la durée moyenne des hospitalisations;
– des risques d’effets indésirables et d’interactions;
– des retours à l’urgence et des réhospitalisations (syndrome des portes tournantes);
– une diminution de la qualité de vie des patients;
– des coûts supplémentaires pour le système de santé.
Assurer une rémunération concurrentielle et prévisible
Le renouvellement de l’entente de travail entre les pharmaciens d’établissements et le gouvernement du Québec, venue à échéance le 31 mars 2020, est une occasion à saisir pour accroître la capacité du réseau d’intéresser la relève à la pratique en milieux hospitaliers et de soins de longue durée. De 20 % à 50 % de la rémunération des pharmaciens d’établissements repose aujourd’hui sur des mesures dites « temporaires », lesquelles sont remises en question à chaque négociation. L’A.P.E.S. souhaite que ces mesures soient pérennisées afin de mettre fin à l’incertitude entourant les conditions des pharmaciens d’établissements.
« Dans les dix dernières années, on a diplômé en moyenne 62 pharmaciens par année du programme de maîtrise en pharmacothérapie avancée, qui prépare à la pratique en milieu hospitalier. Bien qu’on observe une croissance notable des admissions au programme, il faut stimuler l’attrait pour la profession. Cela passe notamment par la fiabilité de la rémunération », a souligné la directrice générale de l’A.P.E.S.
Photo: Il manque de pharmaciens. (Photo Unsplash)