(Alexandre D’Astous)-Même s’il est en partie soulagé par l’annonce de fonds additionnels pour de nouveaux logements sociaux, après deux ans de disette, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) est extrêmement déçu par le troisième budget présenté aujourd’hui par le ministre des Finances, Éric Girard.
Selon la porte-parole du regroupement pour le droit au logement, Véronique Laflamme, « pour améliorer la résilience du Québec comme il le prétend, le budget aurait dû prévoir des investissements beaucoup plus ambitieux pour le logement social et annoncer un plan sur plusieurs années ».
500 nouvelles unités pour tout le Québec
Alors que la pénurie de logements s’étend dans plusieurs municipalités et que les loyers montent en flèche, le FRAPRU se réjouit que le gouvernement ait prévu le financement de nouvelles unités, comme lui demandaient non seulement les organismes communautaires, mais aussi de nombreuses municipalités.
Or, les 500 unités budgétées sont très largement insuffisantes pour répondre rapidement aux besoins urgents des 244 120 ménages locataires qui avaient des besoins impérieux de logement lors du dernier recensement, et ce avant la pandémie et la pénurie des dernières années. Pour les regroupements communautaires en habitation, le seuil minimal était de 5000 nouvelles unités pour la prochaine année. La Ville de Montréal, à elle seule, demandait 1500 unités, alors que celle de Québec en réclamait 500. Selon le FRAPRU, le manque d’ambition du gouvernement Legault est d’autant plus inexplicable que le Québec disposait d’un montant rétroactif de plus de 132,6 millions $ reçu d’Ottawa, en vertu de la nouvelle Entente Québec-Canada sur le logement.
Le FRAPRU est également déçu de l’absence d’un plan pour les prochaines années. « Il aurait fallu annoncer dès maintenant les sommes pour que les organismes publics et communautaires puissent planifier dès maintenant des projets de logements sociaux pour les années à venir », explique Véronique Laflamme. Pour sa part, le FRAPRU demandait au gouvernement de lancer sans plus attendre un grand chantier de 50 000 logements sociaux en 5 ans.
Les milliers de logements promis mais pas livrés : un dossier enfin réglé?
Le FRAPRU se réjouit cependant que le budget prévoit enfin les sommes manquantes pour compléter le financement de tous les logements sociaux qui avaient déjà été annoncés avant l’arrivée du gouvernement Legault. Il espère qu’avec la hausse marquée des coûts de construction, les 250 M $ prévus à cette fin suffiront à réaliser pour de bon l’engagement électoral de la CAQ à ce sujet.
Pour une relance juste : des besoins qui ne peuvent plus attendre
Le FRAPRU s’indigne que les conséquences dévastatrices du mal-logement et du manque de logements abordables mises en lumière durant la pandémie, ne soient pas plus prises en compte dans le plan de relance. « 500 unités, ça ne permettra pas de répondre aux besoins variés et urgents exprimés partout au Québec, comme ceux des personnes en situation d’itinérance, des femmes victimes de violence conjugale, des Autochtones vivant en milieu urbain, des personnes aînées, de celles en situation de handicap, des familles vivant dans des logements surpeuplés. Toutes ces personnes sont encore abandonnées et condamnées à attendre des mois pour accéder à un logement décent », déplore Véronique Laflamme.
Photo: Véronique Laflamme (Photo archives)