(Alexandre D’Astous)-Alors que la rareté de logements locatifs sévit dans le Bas-Saint-Laurent, contribue à la hausse du coût des loyers et aggrave la situation déjà précaire de nombreux locataires, le Comité logement Bas-Saint-Laurent a interpellé ce vendredi le premier ministre François Legault et la ministre de l’Habitation Andrée Laforest, à l’occasion d’un rassemblement public et d’une manifestation devant les bureaux de Revenu Québec à Rimouski.
Avec l’appui de nombreux autres groupes sociaux et communautaires, il revendique des investissements immédiats et ambitieux pour le logement social et communautaire dans AccèsLogis. Ce rassemblement devait avoir lieu une semaine plus tôt, lors d’une semaine d’action régionale du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), mais a dû être repoussé d’une semaine en raison des conditions météo.
La publication du dernier rapport annuel de la Société canadienne d’hypothèques et de logement a de quoi inquiéter. Les taux d’inoccupation sont en effet extrêmement bas à Matane (1,7%), à Rimouski (0,2%) et à Rivière-du-Loup (0,5%). Rimouski et Rivière-du-Loup sont donc maintenant parmi les villes du Québec où il est le plus difficile de se loger pour les locataires. Rappelons qu’un marché équilibré devrait normalement ne pas baisser sous la barre des 3% et qu’on considère qu’il y a pénurie de logements sur un marché lorsque le taux est inférieur à 2%.
Des histoires dramatiques
Au moins une vingtaine de locataires de Rimouski se sont trouvés sans logis après la période des déménagements l’an dernier et les histoires dramatiques de locataires victimes de la crise du logement continuent de s’accumuler.
Le Comité logement Bas-Saint-Laurent s’inquiète de l’absence d’alternatives pour les locataires qui ne peuvent plus payer les loyers exigés sur le marché privé et pour les ménages victimes d’évictions et surtout, de l’indifférence du gouvernement Legault envers toutes les mesures structurantes proposées.
« On est seulement en février et déjà plusieurs locataires craignent de ne pas trouver un logement adéquat d’ici la fin de leur bail. Tout semble indiquer que la situation sera encore pire cette année qu’elle ne l’a été l’an passé », constate Alexandre Cadieux, intervenant au Comité logement Bas-Saint-Laurent.
Le logement social est incontournable
« Pour éviter que les ménages les plus vulnérables ne se retrouvent dans des conditions de logement précaires, voire à la rue, le logement social s’avère incontournable », rappelle-t-il. « Or, ça se développe au compte-goutte dans la région. Dans les trois derniers budgets de la CAQ, le financement de seulement 500 nouveaux logements sociaux pour toute la province était nettement insuffisant; cela a eu pour conséquence d’empêcher le développement de projets qui pourraient pourtant répondre aux besoins les plus urgents. Juste pour la MRC de Rimouski-Neigette, on aurait besoin d’au moins 400 nouvelles unités pour répondre aux besoins actuels », dénonce Alexandre Cadieux. Il se demande pourquoi des projets, nécessaires et répondant à une diversité de besoins, sont ainsi négligés, alors que le gouvernement pourrait lancer un vrai grand chantier, réglant du coup la crise du logement des locataires à faible et modeste revenus.
Le Comité logement Bas-Saint-Laurent, comme le FRAPRU et de nombreuses autres organisations, croit que le nouveau Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) récemment annoncé par la ministre de l’Habitation, Andrée Laforest, pour « faire de la place au privé », ne produira pas de logements véritablement accessibles aux ménages à faible revenu et qu’ils ne le resteront pas non plus à long terme pour les ménages à revenu modeste. En fait, le groupe de défense du droit au logement s’inquiète de tout le flou entourant ce programme, notamment concernant la définition de l’abordabilité des loyers et des revenus plafonds déterminant les ménages qui auront accès aux logements ainsi subventionnés par l’État.
Modalités de financement améliorées
Bien qu’il soit axé sur le privé, le programme pourra financer le développement de coopératives et autres formes de logements sans but lucratif et prévoit des modalités de financement améliorées par rapport à AccèsLogis, ce qui aurait très bien pu être fait directement dans ce dernier programme soutient les organismes communautaires en habitation. Il ne prévoit cependant aucun objectif chiffré pour la réalisation de logements sociaux et communautaires. « Prétendre que c’est du pareil au même, c’est oublier la mission des coops, des OSBL et des offices d’habitation, qui est de loger les gens, avec des loyers les moins chers possible, tout en préservant un patrimoine qui demeurera collectif dans le temps; alors que celui des promoteurs, c’est de vendre et d’encaisser ses profits, le plus vite possible », ajoute Alexandre Cadieux. « L’urgence, ce n’est pas de mettre sur pied un programme à la va-vite, mais d’indexer et d’améliorer AccèsLogis comme on nous le promet depuis 5 ans. », ajoute-t-il.
Le Comité logement Bas-Saint-Laurent demande donc au gouvernement Legault de confirmer sans attendre le maintien d’AccèsLogis pour des projets et d’y réinvestir les sommes nécessaires pour livrer toutes les unités toujours en attente depuis 10 ans et de nouvelles unités. Il demande le lancement d’un vrai grand chantier de logements sociaux dès le prochain budget, avec 10 000 unités pour 2022, ce qui permettrait d’en développer immédiatement 70 nouveaux dans le Bas-Saint-Laurent.
Photo: La manifestation a eu lieu ce vendredi à Rimouski. (Photo courtoisie)