(Opinion du lecteur)-En tant que citoyen régionaliste et travailleur communautaire bénévole pour l’Est-du-Québec parrainant depuis plusieurs années la venue d’étudiants d’Haïti, je me devais de dénoncer publiquement une situation inacceptable pour le développement de la région et sur le plan humanitaire.
Depuis quelques années, la presque totalité des étudiants d’Haïti et de l’Afrique francophone se fait refuser par Immigration Canada la permission d’étudier et de s’établir dans l’Est-du-Québec. Cette situation est généralisée pour tous nos Cégeps et pour l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), malgré que tous ces étudiants aient au préalable obtenu leur certificat d’acceptation du Québec (CAQ) pour études ainsi que leur admission officielle dans un programme d’enseignement. Plusieurs ont aussi obtenu une bourse du gouvernement du Québec ou d’autres provenances couvrant leurs frais de scolarité et de subsistance.
Immigration Canada donne toujours les mêmes raisons à l’étudiant international pour justifier son refus. La première : ils n’ont pas la certitude que l’étudiant retournera dans son pays après sa diplomation. Pourtant, le Québec priorise la venue et l’établissement d’étudiants internationaux pour contrer une pénurie de main d’œuvre sévère. Et la deuxième : ils n’ont pas la certitude que l’étudiant a la capacité financière pour couvrir ses frais de scolarité et de subsistance, alors que ces étudiants fournissent toutes les garanties financières en ce sens. À titre d’exemple, je parraine depuis plusieurs années la venue d’étudiants d’Haïti et je fournis toutes les garanties et engagements financiers pour subvenir à leurs frais de scolarité, de subsistance et autres.
Conséquences majeures
Les conséquences sont majeures, Immigration Canada privant ainsi depuis plusieurs années l’Est-du-Québec de centaines d’étudiants internationaux motivés d’y étudier et de s’y intégrer socialement et professionnellement. Immigration Canada empêche également l’établissement de plusieurs familles et d’un enrichissement culturel diversifié dans notre région et prive nos Cégeps et l’UQAR d’un financement significatif du ministère de l’Éducation relié au nombre d’étudiants internationaux. Ces étudiants aideraient également à maintenir certains programmes de formation à risque dû à une faible fréquentation et au financement de nouveaux logements étudiants.
De plus, comment ne pas être indigné sur le plan humanitaire, sachant que les taux de refus de permis d’études pour les pays d’Europe et autres pays sont beaucoup plus bas et sachant que les étudiants d’Haïti et d’Afrique francophone doivent souvent utiliser les épargnes personnelles et familiales d’une vie pour payer tous les coûts du long processus de plus de 18 mois pour l’obtention du permis d’études émis par Immigration Canada.
La même situation tout aussi déplorable a été décriée médiatiquement au Saguenay-Lac-Saint-Jean, suscitant une forte réaction des élus de tous les paliers de gouvernement et dirigeants.
L’Est-du-Québec doit réagir
L’Est-du-Québec doit aussi réagir pour renverser cette culture d’Immigration Canada, une bureaucratie imposante et manifestement déconnectée de la réalité des régions du Québec. En effet, celles-ci l’affirment haut et fort, l’immigration étudiante est la voie à privilégier pour contrer une pénurie de main d’œuvre grandissante. Seule une réaction publique persistante de nos médias, nos élus, nos dirigeants, nos Cégeps, de l’UQAR, des associations étudiantes et professorales pourra provoquer ce changement.
Merci de réagir à la présente et pour votre solidarité régionale!
D’un citoyen régionaliste et travailleur communautaire bénévole œuvrant pour le bien-être de l’Est-du-Québec et d’autres régions du globe,
Daniel Bénéteau
Photo : Daniel Bénéteau (Photo courtoisie)