(Alexandre D’Astous)-La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ est extrêmement déçue du budget présenté par le ministre des Finances, Éric Girard.
Elle réclamait des réinvestissements massifs et du soutien pour celles qui donnent les soins, mais force est de constater que le gouvernement ne se donne pas les moyens de ses ambitions. « Pourquoi le gouvernement se prive de précieuses sommes pour le réseau de la santé et des services sociaux en octroyant des baisses d’impôts. Le ministre Dubé parle lui-même de l’importance de reconstruire le réseau et que les enjeux sont grands, d’où son Plan Santé annoncé. La population n’a même plus accès à un système de santé auquel elle est en droit de s’attendre. Malgré tout, le gouvernement opte pour un choix politique populiste, tel que des baisses d’impôts, et se prive ainsi de revenus de plus de 9 milliards de dollars sur 6 ans. C’est un non-sens », déclare Julie Bouchard, présidente de la FIQ.
Attentes à la hauteur des défis
Les attentes de la FIQ à l’égard du budget étaient à la hauteur des défis à relever. Si le pourcentage de croissance des dépenses semble relativement important cette année avec 7,7 %, ce même pourcentage est en chute libre à 2,1 % pour l’année suivante. « Il est évident que ce sera nettement insuffisant pour répondre aux besoins criants du réseau de la santé et on comprend mal l’évaluation du gouvernement. On ne peut plus se permettre des pourcentages aussi minimes si on veut sauver le réseau de la santé public. Maintenir le réseau tel qu’il est actuellement ne suffit plus, il faut investir massivement pour espérer renverser la vapeur », de poursuivre la présidente.
Les professionnelles en soins encore oubliées?
Pour la Fédération, la lecture du budget déposé aujourd’hui laisse présager des jours sombres pour la négociation des professionnelles en soins et pour le réseau de la santé public. L’offre initiale du gouvernement est intégralement incluse dans le budget et demeure toujours nettement insuffisante. Par ailleurs, une fois de plus, aucune mesure pour l’attraction et la rétention des professionnelles en soins n’apparaît au budget. Le gouvernement n’a pas traduit ses paroles de reconnaissance du travail des professionnelles en soins en gestes concrets.
« Aucun signal clair que le gouvernement s’est donné les moyens financiers pour redresser le réseau et pouvoir redonner aux patient-e-s du Québec des soins de qualité et sécuritaires. Comment le gouvernement pense pouvoir améliorer significativement les conditions de travail et salariales des professionnelles en soins, mais aussi pouvoir se donner les moyens d’en attirer des nouvelles? C’est l’incertitude complète pour les 80 000 professionnelles en soins que l’on représente », de poursuivre Mme Bouchard.
La Fédération aurait également aimé voir dans ce budget des sommes dédiées à la mise en place de ratios professionnelles en soins/patient-e-s, solution porteuse afin de régler plusieurs maux du réseau. Les conditions de travail et la qualité des soins prodiguées sont d’une grande importance pour les professionnelles en soins et les deux sont intimement liées. « Si les dernières années nous ont appris quelque chose, c’est que ce dont a le plus besoin le réseau de la santé, c’est des équipes de travail complètes et stables. On ne peut pas instaurer les ratios du jour au lendemain dans tout le réseau, mais il faut commencer dès maintenant à les déployer graduellement », d’expliquer la présidente.
Main-d’œuvre indépendante
Les intentions du ministre Dubé d’enrayer la main-d’œuvre indépendante (MOI) ne semblent pas non plus se traduire dans le budget de son homologue aux finances. « L’absence de nouvelles mesures en vue de stabiliser les équipes de travail ne freinera pas l’exode vers les agences privées, le recours au TSO, la substitution de titre d’emploi, le délestage, la surcharge de travail et l’absentéisme. On ne le répètera jamais assez : pour arriver à sevrer le réseau de la santé de la MOI, il faut impérativement améliorer les conditions de travail des professionnelles en soins », de conclure la porte-parole syndicale.
Photo : Julie Bouchard, présidente de la FIQ. (Photo Facebook)