(Alexandre D’Astous) Laurent Chabin publie un roman noir intitulé Le prince charmant est une ordure,qui vient tout juste de paraître chez Hugo Roman, et qui traite de la prostitution et de comment les jeunes filles peuvent tomber dans cet engrenage en se laissant berner par un prince charmant qui devient rapidement une ordure avec une emprise extraordinaire sur sa proie.
L’histoire se déroule à Montréal pendant une vague de froid mortelle. Une femme dévastée agonise au bord du canal de Lachine en compagnie d’un étrange sans-abri à qui elle raconte son histoire.
Quel événement extraordinaire a pu transformer cette jeune fille en une telle loque humaine? Elle a simplement fait une rencontre qui a bouleversé sa vie, celle du prince charmant. Cette histoire n’a absolument rien d’un conte de fées, mais elle s’est vraiment passée.
Un pimp et non un prince charmant
« Les sujets dont je parle, même dans mes livres pour les jeunes, tournent autour de la marginalité. Les gens qui se font exploiter m’ont toujours intéressé. Le prince chamant est une ordure vise à démontrer une illusion dans laquelle tombe beaucoup de jeunes femmes. Cette illusion, ce de croire que le prince charmant est un jeune garçon qu’on va rencontrer. Il est beau. Il est riche et il vous fait des cadeaux. Ce que je dis souvent aux filles quand je vais dans des écoles secondaires, c’est de faire attention à un gars qui vous aime plus que tous et qui vous fait des cadeaux, qui vous fait voyager et qui vous paie des robes et des bijoux. Ce n’est pas un prince charmant. C’est un pimp », relate l’auteur.
Exploitation des jeunes filles
Laurent Chabin connaît bien le phénomène de l’exploitation des jeunes filles. « J’ai beaucoup lu sur le sujet. C’est un phénomène que je vois souvent lors de mes visites dans les écoles pour jeunes adultes et que j’ai essayé de comprendre. Dans le livre, j’essaie de démontrer pourquoi la société ou la police ne peuvent rien. Ça se présente comme un roman même s’il n’y a aucune fiction. Je ne parle que de choses que j’ai entendues. C’est une jeune femme qui est devenue une épave humaine et qui échoue près du canal Lachine à Montréal et qui se réfugie auprès d’un itinérant qui n’a pas l’air en meilleure santé qu’elle. De fil en aiguille, elle va lui raconter ce qui lui est arrivé et ce qui l’a amené là. On assiste à tout l’historique de sa déchéance, de sa descente aux enfers. La fin n’est pas très rassurante, mais je ne suis pas un partisan des fins rassurantes ».
30 ans d’écriture
Français d’origine, Laurent Chabin écrit depuis son arrivée au Canada, d’abord dans l’Ouest canadien, puis à Montréal. « J’ai commencé à écrire quand je suis arrivé en Alberta, il y a une trentaine d’années. J’ai aimé ça et ça m’a permis de gagner ma vie. Je suis principalement romancier et j’écris essentiellement des romans dans le genre noir. Certains me classe comme auteur de roman policier, mais ce sont plutôt des romans noirs. Je n’écris pas de roman d’enquête », mentionne-t-il.
Après avoir terminé l’écrire de son livre, M. Chabin est tombé sur le livre de Maria Mourani qui traite des gans de rues et de la prostitution 20 ans après l’Opération Scorpion qui a démembré un des premiers réseaux de proxénètes qui exploitait de très jeunes filles. « Le résultat de ces enquêtes corrobore tout ce que je raconte dans mon livre. On peut aimer ou ne pas aimer mon livre, mais on ne peut pas me dire que c’est faux ».
Le prochain roman de Laurent Chabin s’adressera à des ados et à de jeunes adultes. « Je vais parler de certains problèmes qui touchent l’immobilité dans le quartier Saint-Henri à Montréal où j’habite. L’histoire va tourner autour d’un incendie dans un vieil immeuble. On va découvrir des personnages qui rôdent dans cette zone, toujours à cheval sur la légalité et l’illégalité », dit-il.
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Photo : Le prince charmant est une ordure. (Photo : Alexandre D’Astous)