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Panier de mesures pour soutenir le secteur forestier à la suite des feux de forêt

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(Opinion du lecteur)-Le début de saison des feux de forêt 2023 a été dévastateur. En date du 23 juin 2023, le Québec comptait déjà plus de 1 154 409 hectares affectés, comparativement à 7 717 hectares en moyenne pour les dix dernières années à la même date, et ce n’est pas fini. Les populations qui ont dû être évacuées ont besoin d’aide et les acteurs du secteur forestier aussi.

Présentement, l’attention est beaucoup portée sur la récupération rapide des bois brûlés avant que les insectes s’en occupent. C’est très important, nous ne le nions pas. Toutefois, il ne faudrait pas oublier la remise en production des forêts qui est actuellement compromise, car les travailleurs quittent le navire faute de pouvoir leur garantir un appui financier d’urgence pour compenser les semaines d’arrêt.

Pour récupérer les bois brûlés et remettre en production toutes ces superficies, nous aurons besoin d’entrepreneurs forestiers et de travailleurs. La main-d’oeuvre sera le nerf de la guerre. Si nous ne nous en préoccupons pas maintenant, nous les perdrons au profit d’autres secteurs d’activité ce qui compromettra la reprise des activités forestières après ce dur combat.

Un important groupe d’acteurs du secteur forestier s’est réuni pour livrer au gouvernement du Québec ses préoccupations et ses besoins pour permettre au secteur de se relever à la suite des feux de forêt historiques ayant frappé le Québec.

Propositions pour soutenir les travailleurs sylvicoles occupant des emplois saisonniers

Obtenir une aide financière d’urgence pour les travailleurs sylvicoles occupant des emplois saisonniers

  • • Au Québec, environ 3 400 travailleurs occupant des emplois saisonniers (préparation de terrain, transport de plants, reboisement, éducation de peuplement, supervision de travaux sylvicoles) oeuvrent à la remise en production d’environ 180 000 hectares de nos forêts chaque année.
  • • La saison sylvicole varie un peu selon les régions. Nous pouvons toutefois affirmer que pour la plupart elle s’étend du début du mois de juin à la fin du mois d’octobre, ce qui représente environ 22 semaines potentielles de travail.
  • • Chaque année, ces travailleurs sylvicoles peinent à accumuler suffisamment d’heures assurables pour obtenir assez de prestations d’assurance-emploi pour couvrir l’ensemble de la durée de la mise à pied saisonnière.
  • • Les feux ont repoussé à plus tard le début de la saison sylvicole et plusieurs travailleurs se sont retrouvés sans rémunération, étant arrivés au bout de leurs prestations s’assurance-emploi.
  • • La saison de travail 2023 se trouvant écourtée, la même situation risque de se reproduire avant le début de saison 2024 puisqu’ils n’auront pas accumulé suffisamment d’heures travaillées pour leur permettre de couvrir avec des prestations d’assurance-emploi l’ensemble de la durée de la mise à pied saisonnière.
  • • De plus, comme le taux de chômage de pratiquement toutes les régions du Québec est de moins de 6 %, cela signifie que les travailleurs auront besoin d’au moins 700 heures assurables pour avoir droit aux prestations d’assurance-emploi durant la saison morte. Si nous amputons plusieurs semaines à la saison de travail en raison des feux, il se pourrait que plusieurs travailleurs ne puissent pas se qualifier pour l’assurance-emploi.
  • • Cela aura pour conséquence, un exode des travailleurs sylvicoles vers d’autres secteurs d’activité.

Demande 1

Que le gouvernement du Québec effectue des représentations auprès du gouvernement du Canada afin d’obtenir les éléments suivants :

  • a. Que Service Canada prolonge la durée de leurs prestations d’assurance-emploi des travailleurs sylvicoles touchés par les arrêts en raison des feux de forêt.
  • b. Que Service Canada diminue le nombre d’heures assurables requis pour avoir droit aux prestations d’assurance-emploi pour les travailleurs sylvicoles touchés par les arrêts en raison des feux de forêt.
  • c. Que Service Canada augmente la durée des prestations d’assurance-emploi pour éviter le trou noir aux travailleurs sylvicoles touchés par les arrêts en raison des feux de forêt.

Propositions pour soutenir les entrepreneurs forestiers propriétaires de machines

Obtenir une aide financière d’urgence pour les entrepreneurs forestiers arrêtés en raison des feux

  • • Selon ForêtCompétences, le Québec compterait environ 1 300 entrepreneurs forestiers.
  • • N’ayant plus accès aux sites de récoltes, les entrepreneurs forestiers subissent des pertes de revenus très importantes par l’arrêt forcé de leurs activités. Ils doivent continuer à rembourser leurs prêts pour leurs machines, mais celles-ci ne rapportent rien si elles ne sont pas en opération. Si la situation perdure, certains entrepreneurs seront contraints à faire faillite.
  • De plus, certains entrepreneurs forestiers ont tout perdu dans les incendies: machinerie, équipements, outils, etc. Leurs assurances couvriront en partie leurs pertes, mais ils devront tout de même assumer la franchise s’élevant généralement à 5 % pour les équipements ayant une valeur de 500 000 $ et moins et à 10 % pour les équipements de plus de 500 000 $. Dans un tel contexte, l’obtention d’un nouveau prêt pour l’achat de nouvelles machines risque d’être compliquée. Une garantie de prêt équivalant à 25 % de la valeur marchande des équipements à remplacer serait d’une grande aide.

Demande 2

  • Propositions pour soutenir les entreprises forestières touchées par les feux

Obtenir de l’aide financière d’urgence pour les entreprises forestières touchées par les feux

  • o 272 au Saguenay – Lac-Saint-Jean
    • 233 en Abitibi-Témiscamingue
    • 32 dans la région Nord-du-Québec
    • 32 pour la Côte-Nord

Demande 4

Que le gouvernement offre aux entreprises forestières touchées par les feux de forêt un prêt de 50 000 $ sans intérêts, remboursable au 1er avril 2024, pour faciliter la reprise de leurs activités.

Demande 3

Que le gouvernement mette en place une Mesure d’aide salariale d’urgence, rétroactive au début des arrêts pour les feux, pour permettre aux entreprises forestières de conserver leurs employés malgré la cessation temporaire de leurs activités incluant le remboursement d’autres frais pour les travailleurs comme l’hébergement et les repas.

Éviter les pénalités et les baisses de capacité de réalisation aux entreprises sylvicoles qui ont subi des périodes d’arrêt en raison des feux et qui ne réussiront pas à réaliser la totalité des travaux leur ayant été confiés par Rexforêt

  • • Les 22 semaines productives en sylviculture laissent une faible marge de manoeuvre aux entreprises qui subissent des arrêts en raison des feux.
  • • Plusieurs entreprises sylvicoles ont déjà pris beaucoup de retard et elles risquent de ne pas réussir à réaliser l’entièreté des travaux qu’elles ont sous contrats avec Rexforêt. Déjà, nous remarquons que ce phénomène sera accentué par la migration d’ouvriers vers d’autres secteurs d’activités.
  • • Selon la Politique sur les conditions des contrats de Rexforêt, un fournisseur peut voir sa valeur de contrats à recevoir diminuer s’il fait défaut de réaliser l’ensemble des travaux prévus à son contrat, s’il se désiste deux années consécutives des travaux qui lui sont assignés ou si l’évaluation annuelle de sa performance est très insatisfaisante.
    • a. Que Rexforêt s’engage à ne pas transmettre de pénalités contractuelles aux entreprises sylvicoles qui ont subi des périodes d’arrêt en raison des feux et qui n’ont pas réussi à réaliser la totalité des travaux leur ayant été confiés dans les délais prescrits.

Élaborer une stratégie de récupération des bois brûlés avec des compensations pour les pertes de productivité

  • • À l’heure actuelle, près d’un million d’hectares de forêt ont brûlé et les feux continuent à faire rage dans de nombreuses régions.
  • • Ces superficies brûlées représentent des pertes énormes de possibilité de récolte pour les entreprises forestières.
  • • L’objectif est donc de récolter rapidement tout le bois qui serait autrement perdu. Cette récolte évitera au gouvernement d’accorder des permis dans des zones de bois vert pour combler le manque à gagner aux garanties d’approvisionnement.
  • • L’enjeu principal est de maintenir la qualité de la ressource et pour ce faire il faut se mettre en action le plus rapidement possible pour battre de vitesse les insectes comme les longicornes noirs qui n’attendent pas d’autorisation pour creuser des galeries dans les tiges brûlées.
  • • En terres publiques, il revient à l’État d’attribuer les forêts aux entreprises forestières en vue de la récolte. En cas de perturbations importantes des massifs forestiers, comme des incendies ou des épidémies d’insectes, la loi québécoise prévoit la mise en place de plans spéciaux.
  • • Lorsque ces plans entrent en vigueur, les entrepreneurs et les entreprises doivent arrêter leurs opérations, déplacer la machinerie et aller récolter là où on leur demande d’aller opérer.
  • • La récolte va coûter beaucoup plus cher que normalement et la qualité des bois sera affectée, des mesures de compensation devront donc être mises en place.

Demande 6

Que le ministère des Ressources naturelles et des Forêts mette en place immédiatement une procédure administrative accélérée pour la récupération des bois brûlés ainsi qu’une Stratégie de récolte des bois brûlés avec des mesures compensatoires pour les coûts supplémentaires de récolte et la perte de qualité des bois.

Bref portrait du secteur

Le secteur forestier est l’un des piliers économiques du Québec et de ses régions. Les données de 20211 confirment que le secteur forestier représente un produit intérieur brut (PIB) de 5,9 G$ (soit 1,6 % de l’activité économique globale du Québec) et environ 23 G$ en livraisons manufacturières (nationales et internationales).

À lui seul, il génère des retombées économiques dans au moins 902 municipalités, soit 83 % des municipalités du Québec. Il constitue un pilier économique important pour 152 municipalités québécoises, soit une proportion de 14 %, c’est-à-dire que ce secteur regroupe 10 % et plus des emplois totaux. Enfin, pour 5,5 % des municipalités, le secteur forestier représente 20 % et plus des emplois totaux, ce qui se rapproche d’un contexte dit mono-industriel. Au total, ce sont plus de 57 000 emplois à travers le Québec qui sont directement générés par l’industrie québécoise du bois.

Par Yanick Baillargeon, président d’Alliance Forêt Boréale, Louis Bégin, président de la Fédération de l’industrie manufacturière – CSN, Étienne Boucher, président de l’Association québécoise des entrepreneurs forestiers, Daniel Cloutier, directeur québécois Unifor, Stéphane Gagnon, président de la Fédération québécoise des coopératives forestières et Charles-Philippe Mimeault-Laflamme, président de l’Association des entrepreneurs en travaux sylvicoles du Québec.

Photo : Feux de forêt. (Photo courtoisie SOPFEU)

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