(Opinion du lecteur)-À l’heure actuelle au Québec, les délais auxquels font face les accidentés du travail pour obtenir un rendez-vous médical sont souvent longs. Ce qui entraîne des retards dans la prise en charge, augmente ainsi les risques de douleur chronique et prolonge aussi les délais pour un retour au travail.
Dans ce contexte, permettre aux travailleurs accidentés de consulter directement des chiropraticiens pourrait engendrer des économies substantielles pour la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et dans le réseau de la santé québécois. La diminution des coûts découlerait entre autres de la réduction du temps d’indemnisation, et ceci, tout en respectant la capacité d’accueil des chiropraticiens.
En effet, l’analyse des données ontariennes a montré que les travailleurs accidentés qui ont initialement consulté un chiropraticien ont bénéficié de périodes d’indemnisation plus courtes par rapport à ceux qui ont consulté un médecin en première ligne[. En extrapolant ces résultats au contexte québécois, il est possible d’estimer que si les travailleurs accidentés québécois souffrant de douleur au dos — le siège de lésions le plus fréquent selon l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail — avaient un accès direct aux soins chiropratiques, des économies potentielles de 11,8 millions de dollars annuellement uniquement en indemnités salariales pourraient s’ensuivre.
Réduire la durée de l’indemnisation
En offrant un accès direct aux soins chiropratiques, nous pourrions ainsi réduire la durée de l’indemnisation pour les travailleurs québécois souffrant de lombalgies. Ceci contribuant non seulement à un retour accéléré au travail, mais aussi à une reprise de la vie normale plus rapide pour le travailleur. Cette approche contribuerait à la meilleure répartition des ressources et à la réduction des coûts pour le système de la santé.
Soulignons également que les travailleurs accidentés peuvent consulter directement un chiropraticien dans l’ensemble des autres provinces canadiennes. L’étude Chiropractors’ characteristics associated with their number of workers’ comprensation patients démontre que les chiropraticiens québécois traitent en moyenne cinq travailleurs accidentés par an, alors que nos homologues ontariens en traitent neuf. Nous pensons donc que les chiropraticiens québécois ont la capacité d’accueillir davantage de travailleurs accidentés.
En ce sens, il importe de rappeler que d’autres professionnels de la santé comme les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) et les pharmaciens assument déjà des responsabilités autrefois confiées à des médecins. Le tout permet d’assurer une meilleure efficacité du système de la santé. Nous sommes d’avis que la meilleure solution est que la CNESST confère aux chiropraticiens, par règlement, le statut de «?professionnels de la santé?» en vertu de la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles pour favoriser l’accès des accidentés au travail aux soins chiropratiques et ainsi éviter un dédoublement de frais pour la consultation d’un médecin et d’un chiropraticien par la suite. La capacité d’accueil des chiropraticiens du Québec le permet, il est donc temps de passer à l’action.
Par le Dr Guillaume Corbin, chiropraticien, et président de l’Association des chiropraticiens du Québec
Photo : Le Dr Guillaume Corbin. (Photo fournie par l’ACQ)