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Équité salariale : les femmes prennent la tête dans le secteur philanthropique

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(Alexandre D’Astous)-Le cabinet-conseil BNP Performance philanthropique lance officiellement les résultats de son étude sur la rémunération et le bien-être dans le secteur philanthropique au Québec grâce à la participation de 368 personnes répondantes. Il s’agit du premier portrait clair et complet réalisé pendant le printemps et l’été 2023.

L’étude a révélé des données surprenantes. En effet, pour la première fois au sein du secteur philanthropique, les femmes ou les personnes d’expression féminine gagnent en moyenne 76 087,72 $. Elles dépassent ainsi leurs homologues masculins dont le salaire annuel s’élève à 75 741,35 $.

Il convient de noter que le salaire moyen du secteur est actuellement de 76 113,28 $. Est-ce une avancée majeure vers l’équité salariale ?  Les études sur la rémunération et le bien-être en philanthropie au Québec qui seront renouvelées d’année en année permettront de confirmer ou non cette tendance.


Ancienneté et salaire : un réalignement est nécessaire !

Les données collectées montrent qu’il existe des écarts significatifs de salaire en fonction de l’ancienneté au sein d’un organisme. Ainsi, les directions générales ayant moins de 3 ans d’ancienneté peuvent avoir une rémunération supérieure à celles ayant 3 à 6 ans, 10 à 15 ans ou encore 15 à 20 ans d’ancienneté dans leur organisation. Il est à noter que pour les postes de haute direction, le salaire moyen est 83 318.65 $ par année.

Au niveau des postes de personnes conseillères, dont le salaire moyen par année s’élève à 66 862 $, la tendance se confirme également. Seules les fonctions administratives, dont le salaire moyen est de 44 173 $, semblent conserver une évolution stable.


Un fort retour en présentiel pour des ressources toujours plus sollicitées

Alors que la semaine de 35 heures semble être la norme dans le secteur philanthropique, plus de 48 % des employés admettent travailler en réalité plus de 40 heures par semaine. Dans 48 % des cas, les heures supplémentaires sont mises dans une banque de temps. Cependant, plus de 33 % des personnes répondantes mentionnent que les heures supplémentaires ne sont ni rémunérées ni mises en banque.

De plus, le télétravail semble s’essouffler. Actuellement, seulement 9 % des organismes au Québec proposent la semaine à temps plein à distance et 23 % autorisent une journée de télétravail par semaine. Finalement, ce sont 36 % des organisations qui ont adopté une politique de travail hybride.

Au niveau des avantages sociaux, le secteur montre une progression notable. En effet, plus de 60 % des organisations proposent à présent des régimes d’assurances collectives ainsi que le remboursement en partie ou en totalité des frais d’adhésion à des associations dans 42 % des cas. 93 % couvrent aussi les dépenses liées à la formation.

Une démission silencieuse est en marche

En 2022, 40 % des professionnels en philanthropie ont souffert d’épuisement, d’épisode de dépression ou d’humeur dépressive. 53 % des personnes répondantes considèrent que leur état psychologique est en santé, mais 22 % admettent tout de même une baisse de satisfaction envers leur organisation actuelle.

Autre fait important pour le secteur, 29 % des employés sont en mode « démission silencieuse ». Ainsi, 28 % songent à changer d’emploi au cours des deux prochaines années. De plus, 50 % des répondants ont fait face à des situations d’inconduite ou de harcèlement pendant leur carrière en philanthropie. À ce chiffre s’ajoute le fait qu’une personne sur cinq n’ose pas porter plainte par peur d’un processus non sécuritaire et fiable.

Une diversité et une équité à réaffirmer

Même si la philanthropie semble être par essence un secteur axé sur l’inclusion et la diversité, l’étude tend à montrer le contraire. Ainsi, 93 % des personnes travaillant dans le domaine au Québec sont blanches ou caucasiennes. D’ailleurs, leur salaire moyen est de 77 011.44 $ par année, alors qu’il est de 59 330.33 $ pour les minorités visibles. Pour les personnes membres de la communauté 2SLGBTAIQ+, le salaire moyen annuel est inférieur de 1.69 % par rapport à la moyenne générale annuelle, soit 74 845.33 $. À cela s’ajoute le fait que seulement 37 % des organismes posent des actions concrètes pour la réconciliation.

Les résultats de cette étude menée au Québec soulèvent des points fondamentaux pour l’avenir du secteur philanthropique. Même si une évolution des pratiques salariales est palpable, il reste du chemin à faire pour assurer des conditions de travail optimales aux employés et attirer les talents. « Il est clair que la situation s’est grandement améliorée sur plusieurs fronts, notamment le rattrapage et le dépassement salarial des femmes. Mais cette victoire, bien qu’il faille la célébrer, ne doit pas nous faire perdre de vue que le secteur fait face à de nombreux défis en matière de rémunération globale et de bien-être au travail. La pression sur les organismes est féroce, ils disposent de moins de moyens et les besoins augmentent dans plusieurs cas. Cette pression, elle se vit à différents niveaux dans l’organisation, mais ce sont souvent les employé(e)s « au front » qui doivent faire plus avec moins et composer avec un stress croissant », mentionne Daniel H. Lanteigne, vice-président, talent, stratégie et impact.

 « Cependant, il ne faut pas se limiter à faire ces constats, il faut se doter d’un plan d’action RH qui mobilise les talents en place et convie les professionnel(le)s des autres secteurs à se joindre à cet imposant secteur qui représente plus de 10 % du PIB au Québec. Les enjeux d’attraction et de rétention ne sauraient être plus clairs et l’étude identifie de nombreux leviers sur lesquels les organismes peuvent travailler, tout en étant conscient des budgets limités dont ils disposent », ajoute-t-il.

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