(Opinion du lecteur)-Un poste de conseiller au Conseil municipal de Saint-Simon est maintenant ouvert aux élections. Les candidatures sont sollicitées. C’est peut-être un bon moment pour échanger sur ce qu’est le rôle d’un conseiller municipal.
Maxime Pedneaud-Jobin dans son livre Libérer les villes décrit l’ambiguïté qui existe aujourd’hui entre ceux qu’il appelle les « échevins », reprenant un terme du passé, et les « conseillers municipaux », le terme juste, utilisé aujourd’hui. Il fait ainsi un contraste entre deux visions du rôle des élus dans un Conseil municipal, et note que la coexistence d’élus des deux visions cause en général des tensions dans un Conseil municipal.
« On a toujours fait comme ça! »
À l’époque où les municipalités n’avaient comme mandat que la gestion des aqueducs, des eaux usées, des chemins et de pompiers volontaires, le poste d’échevin attirait des personnes qui estimaient avoir des connaissances et de l’expérience pouvant contribuer à faire fonctionner ces services. Se faire élire donnait, en quelque sorte, un accès aux employés embauchés par la municipalité pour effectuer ces travaux. Un échevin ayant longtemps travaillé sur les chemins, ou un autre connaissant bien son système de traitement des eaux, pouvait se faire élire et presque d’office agir comme un directeur du service, de la voirie, ou de la gestion des eaux ou du service de sécurité. Nul besoin d’une autre forme de concours pour le poste de directeur. La chose s’imposait de soi. Et, dans un tel contexte, le maire était naturellement le « boss » de tout et on pouvait le retrouver autant sur un chantier de construction d’une route, donnant des directives sur comment procéder, les matériaux à utiliser, que sur le chantier de construction de la nouvelle salle communautaire construite selon ses plans, sans oublier à l’usine de traitement des eaux où une solution « beaucoup moins coûteuse » était mise en place pour corriger un problème de non-conformité.
Il arrive que nos municipalités fonctionnent encore de cette façon, même si c’est défendu par la loi. Les vieilles habitudes sont difficiles à changer. Même après que des personnes, parfois de chez nous!, reçoivent des amendes salées pour avoir contrevenu à ces règlements. Sans compter que cette façon d’agir est presque toujours tellement intolérable pour les employés qu’ils ne restent pas longtemps en poste, plongeant la municipalité dans le chaos quand les bureaux se vident.
Conseiller plutôt qu’échevin
Ainsi, Maxime Pedneaud-Jobin nomme « conseillers municipaux » celles et ceux qui ont une vision plus actuelle du rôle de l’élu municipal. Les responsabilités des municipalités ont considérablement augmentées depuis le siècle dernier, pour inclure les loisirs, le logement, la culture, le patrimoine ainsi que de nombreuses autres sphères dont il n’était même pas question autrefois. L’élu doit-il détenir une expertise dans chacun de ces domaines? Sinon, le conseil municipal doit-il rassembler des élus dont les compétences sont assez variées pour couvrir toutes les zones de responsabilités de la municipalité actuelle? C’est impensable. C’est pourquoi ce qu’on attend de l’élu d’aujourd’hui c’est qu’il apporte à la table son intelligence, son discernement, sa capacité d’échanger civilement avec les autres, sa perspicacité de reconnaître quand un expert doit être consulté et savoir reconnaître la réelle expertise, son désir de représenter la population qui l’a élu, c’est-à-dire être à l’écoute de la population et savoir tenir compte dans son évaluation des décisions à prendre de cette population.
Diversité invitée
Donc je vous invite, quoique soient vos opinions politiques, qu’elles coïncident ou non avec les miennes, à considérer présenter votre candidature au Conseil municipal. Ce n’est d’ailleurs pas souhaitable que nous ayons tous les mêmes opinions, au contraire. Le Conseil devrait être le lieu où des opinions diverses sont apportées afin que la meilleure décision pour notre communauté soit finalement prise. L’important est que le Conseil puisse en discuter sereinement, poser les questions et prendre les moyens pour obtenir les réponses les mieux fondées. Et ces moyens peuvent comprendre un recours à des expertises reconnues s’il y a des doutes.
Mais si vous voulez un siège au Conseil parce que vous estimez avoir une compétence que les autres n’ont pas, et que votre point de vue devrait donc être accueilli sans remise en question, vous risquez, surtout avec la composition actuelle du Conseil, de trouver que vous perdez votre temps, ou que vous n’avez pas d’écoute.
Les obligations de l’élu
Une fois élu, vous aurez à participer à une formation sur l’éthique et la déontologie d’un élu municipal dans les six mois suivant votre entrée en fonction. C’est une formation qui peut être suivie à distance, et qui est intéressante, mais qui ne vous donnera pas tous les aspects du rôle. Si vous envisagez une longue carrière dans la politique municipale, les organisations comme la FQM et l’UMQ offrent un catalogue de formations qui vous sont accessibles, comme ça vous tente. Une obligation de l’élu qui est décrite dans ce cours est celle de toujours agir avec civisme, non seulement envers les autres élus, mais envers la population aussi. Il y en a quelques autres à découvrir…
Être un élu municipal ne vous oblige qu’à deux choses : participer régulièrement aux séances du conseil, ordinaires ou extraordinaires, et celle de voter. Un élu n’a pas le droit de s’abstenir. Mais vous serez invitée à vous impliquer davantage, si vous le désirez, dans divers comités. Vous devrez aussi accepter à l’occasion des frustrations, car vos idées ne seront pas nécessairement celles que retiendra le Conseil. Aussi, certains citoyens auront peut-être des attentes irréalistes envers vous, ne comprenant pas que votre rôle est, finalement, assez limité même s’il est capital dans le fonctionnement de la municipalité. Je peux témoigner que ça peut parfois être frustrant.
Une année, mais quelle année!
Il y a à peine plus d’une année à parcourir avant les élections générales dans les municipalités. À Saint-Simon cette courte période risque malgré tout être significative. Les grands projets sur la table sont, bien sûr, la construction d’une caserne de pompiers et de bureaux administratifs, peut-être celui d’une rampe de mise à l’eau et des aires l’entourant, selon les conclusions des études du ministère de l’Environnement, mais aussi suite aux échanges que nous aurons, à la fois entre nous, mais aussi avec la population des Basques, qui nous permettront peut-être de repenser toute l’organisation politique de nos dix municipalités. Celui-ci sur quelques années, le plan d’aménagement du territoire en cours de réécriture nous obligera à revoir nos règlements de zonage et de lotissement. Des impacts importants sont à prévoir. En tant qu’élus, nous avons le devoir d’apporter les informations de ce qui se passe à nos concitoyens, d’écouter leurs commentaires, et d’en tenir compte dans les nombreux débats que nous aurons ensuite entre nous lors des réunions du Conseil. Le mandat, même s’il sera de courte durée, sera intéressant. Et il sera chargé.
Remerciements
Peu importe les circonstances de sa démission, je remercie au nom de la population Francis Beaulieu pour le service qu’il a rendu par son implication en tant qu’élu au Conseil de Saint-Simon-de-Rimouski. Chaque personne qui s’y présente donne plus d’elle-même qu’elle n’en retire. Il faut les reconnaître.
Avant monsieur Beaulieu il y a eu André Rioux qui a aussi remis sa démission en cours de mandat pour des raisons personnelles. Lui non plus n’est pas oublié. Et puisque ce fut fait pendant mon mandat, je veux souligner sa participation aussi dans ces remerciements.
Et je remercie d’avance toutes les personnes qui présenteront leur candidature à ces élections.
Par Denis Marcoux, maire de Saint-Simon-de-Rimouski
Photo : Le maire de Saint-Simon-de-Rimouski, Denis Marcoux. (Photo Alexandre D’Astous)