Les écrivains éprouvent des difficultés à faire reconnaître leur statut. S’ils viennent des régions, la difficulté est quintuplée. Les œuvres des auteurs locaux sont noyées dans la masse et ils ne reçoivent pas toute l’attention qu’ils méritent. Qu’à cela ne tienne, le Regroupement des écrivains du fleuve est né au début de 2014 sous l’initiative de quelques vingt-deux auteurs répartis entre Kamouraska et Matane. S’il n’est pas encore reconnu légalement, il vise tout de même à faire connaître les auteurs de notre région lors d’événements.
Par Marc-André Lévesque
Des événements et des mots
Isabelle Berrubey, présidente du Regroupement des écrivains du fleuve explique : « Auparavant, un regroupement des auteurs de la Gaspésie existait, j’en étais membre Mais depuis plus d’un an, il ne répondait plus à l’appel, faute de financement. Mais notre nouveau regroupement ne désire pas se lancer dans la recherche de financement. Sa priorité est de faire connaître les auteurs régionaux. Sa reconnaissance légale viendra plus tard, nous devons mettre nos énergies dans cette reconnaissance ».
Le Regroupement des écrivains du fleuve avait son kiosque au récent Salon du livre de Rimouski et certains de ses membres étaient sur place. « Nous y avons eu une très bonne réception, les gens semblent intéressés par notre approche, ils nous ont posé beaucoup de questions », mentionne Isabelle Berrubey en précisant que depuis la tenue du salon, le nombre des membres est passé de vingt-deux à trente. L’intérêt est aussi présent chez des auteurs du Témiscouata qui veulent se regrouper dans leur région.
Avant le regroupement, les auteurs étaient isolés dans leur écriture et les médias ne s’intéressaient à eux que lors d’événements pour le lancement de leurs œuvres. « Nous sommes pourtant le cœur et la pensée de la région », ajoute cette écrivaine de romans historiques qui se cherche actuellement une maison d’édition.
« Il est de plus en plus difficile de se faire publier. Plusieurs de nos membres publient à compte d’auteur. Tous genres confondus, le nombre de livres vendus varie entre quelques centaines et quelques milliers. Les gens ont tendance à se prêter entre eux les livres, ça nous nuit, quoique c’est excusable ».
Il faut donc livrer une dure bataille contre le manque de reconnaissance, mais le plaisir de l’écriture, d’abord pour soi, domine tout. La passion de l’écriture, c’est bien, mais le regroupement veut faire apprécier les œuvres des auteurs régionaux. Il tente actuellement d’intéresser des libraires pour qu’ils aient dans leur commerce un espace «?Auteurs régionaux?», ce qui leur donnerait plus de visibilité. D’autres projets sont sur la table à dessin dont, peut-être, un manifeste. « Pourquoi pas? », lance Isabelle Berrubey.
Acheter régional pour la période des Fêtes
Même s’il écrit d’abord pour soi, un auteur aime aussi se faire dire qu’il n’écrit pas vainement, comme dans le désert ou sur une île perdue. Il veut obtenir, en contrepartie du temps qui est mis à l’écriture, la reconnaissance des lecteurs. « Les gens ne se rendent pas compte de tout le travail nécessaire à l’écriture d’un livre », rappelle Isabelle Berrubey.
C’est aux lecteurs maintenant de se rendre à la découverte des auteurs régionaux, peut-être en offrant en cadeau un livre ou en l’achetant pour eux-mêmes. C’est de notre regard dont il est question, peut-être même un regard sur nous-mêmes.
Le Regroupement des écrivains du fleuve rassemble des auteurs de divers horizons dont Gaétan Bérubé, Louis Blanchette, Geneviève Coullard, Dast, Sergine Desjardins, Serge Morissette ou Jocelyn Pelletier. Pour une liste complète, on consulte leur site web au www.cyberquebec.ca/ecrivains-fleuve. Information : ecrivains.fleuve@outlook.com