(M. J.) Dès le 31 mars 2015, les MRC ne seront plus tenues de respecter la description du mandat des agents de développement rural, tel que prescrit dans la Politique nationale de la ruralité.
Les sommes allouées pour les postes d’agents de développement rural pourront être affectées à d’autres professionnels. En 2016, ces sommes, ainsi que les Pactes ruraux, feront partie d’une enveloppe globale de 100M$ (Fonds de développement des territoires) associée au Pacte fiscal et les MRC pourront en disposer selon leurs priorités. Ce faisant, l’État retire aux élus l’obligation d’affecter ces sommes au développement collectif, comme prévu à la Politique.
Pour Claire Bolduc, présidente de Solidarité Rurale, l’argent ne fait pas les politiques gouvernementales : « Ce qui fait une politique, c’est l’objectif qu’elle poursuit, et surtout, l’encadrement et le support qu’elle apporte aux milieux pour atteindre cet objectif. Dans le contexte budgétaire actuel, au moment où les MRC doivent déjà composer avec le tiers de leur enveloppe habituelle, on voit mal comment elles pourront continuer à faire vivre la Politique nationale de la ruralité. Surtout qu’elles doivent aussi composer avec le retrait de subventions dans d’autres domaines. Au final, quels choix feront les MRC en ce qui concerne les agents de développement rural, les agents de développement économique, les agents Ville et village d’art et de patrimoine, tous embauchés avec l’appui financier du gouvernement au départ, un appui aujourd’hui considérablement réduit ? Personne ne pourra leur en vouloir de dénaturer les politiques dont le gouvernement n’a aujourd’hui cure. »
Bernard Vachon, professeur retraité du département de géographie de l’UQAM et spécialiste en développement local et régional, décentralisation et gouvernance territoriale sonne lui aussi l’alarme. « Vidée de son âme et de sa philosophie, ayant perdu son messager et principal partenaire, la Politique nationale de la ruralité se résumera au Pacte rural qui disposera d’un budget réduit. Anéantie désormais toute l’expertise développée et transmise par les laboratoires ruraux, les groupes de travail et ces autres programmes œuvrant en amont et parallèlement à l’action de terrain. Et avec elle, le dévouement de centaines de bénévoles supportant les initiatives locales. »
En décembre 2013, la 3e Politique nationale de la ruralité avait été renouvelée par le gouvernement de Pauline Marois pour une période de dix ans, avec un budget de 470M$. Solidarité rurale avait alors salué de geste politique comme un pas vers la décentralisation.
Solidarité rurale du Québec (SRQ) a fermé définitivement ses portes le 9 décembre. Dans la foulée des coupes budgétaires et du démantèlement des outils de développement, le ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire annonçait que le gouvernement n’avait plus besoin des services de l’organisme à titre d’instance-conseil en matière de développement rural. Au moment de l’annonce, les représentants de SRQ avaient été informés que 2015 serait une année de transition, et qu’en ce sens, un dernier versement allait être émis pour compléter l’année financière, jusqu’au 31 mars 2015. Mais en novembre dernier, l’organisation a été informée que ce dernier versement ne viendrait pas. En conséquence, les neuf employés de l’organisation ont été mis à pied. Créée en 1991 pour assurer le suivi des États généraux du monde rural, c’est la SRQ qui avait conseillé au gouvernement de mettre en place la Politique nationale de la ruralité.