Accueil > Actualités > Forum social bas-laurentien : Vivre ensemble d’hier à demain

Forum social bas-laurentien : Vivre ensemble d’hier à demain

Imprimer cette nouvelle Imprimer cette nouvelle

(M.J.) La deuxième édition du Forum social bas-laurentien, tenu à Saint-Mathieu-de-Rioux en septembre dernier, était placée sous le thème de la cohabitation, de l’intégration et de la cohésion sociale. On pouvait assister à une quarantaine d’ateliers sur autant de thèmes touchant nos communautés rurales : dépendance au pétrole, spiritualité et militantisme, démocratie directe, prospérité durable, culture et agriculture, crédit communautaire, etc. Le tout agrémenté de diverses activités culturelles, de musique, du théâtre d’UTIL, de conférences et de repas communautaires. Dans le forum organisé spécialement pour eux, les jeunes de 8 à 13 ans ont discuté de « notre planète d’hier à demain ».
Ce rassemblement citoyen, porteur de solutions et d’une mobilisation pour notre région a réuni des personnes de tous âges et de divers horizons. La Congrégation des Sœurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire y a participé activement avec quinze religieuses bénévoles. Pour Sœur Béatrice Gaudreau, qui animait un atelier sur le patrimoine, le forum  est « une continuation de notre implication pour la famille et la justice sociale ». Une façon aussi de répondre, dit-elle, au message du pape François qui exhorte les chrétiens à sortir, à aller vers les autres, à aider.
L’annonce d’un renouveau ?
Pour contrer les effets pervers de la mondialisation, nous sommes peut-être à l’aube de grands changements vers un autre type de vie collective et individuelle fondé sur les droits humains universels, autant au niveau politique, économique que culturel.
Lors de la conférence d’ouverture, quatre panelistes ont partagé leurs idées sur une façon de définir ces changements.
Pour Robert Gagné, autrefois professeur et coordonnateur de recherche auprès des jeunes en difficultés d’adaptation, chercheur et co-fondateur du Mouvement Territoires et Développement «?la présente crise économique ébranle les piliers de nos sociétés démocratiques?». Il a noté la série d’erreurs stratégiques ayant conduit à cette crise : globalisation des marchés, leur déréglementation et une forme de capitalisme sauvage où l’on peut se créer des fortunes colossales en spéculant sur celles des autres. Le changement est donc devenu inévitable pour contrer une crise économique qui est aussi socio-politique, a-t-il affirmé.
Suzanne Tremblay est ex-députée du Bloc québécois, présidente de la Coalition Urgence Rurale du Bas-Saint-Laurent et conseillère municipale de Saint-Fabien. Née en l937, elle a rappelé tous les changements qu’elle a vécus au cours de sa vie. « La vie est un perpétuel changement et nous devons nous ajuster continuellement au passage d’un état à un autre ». D’une voix enthousiaste qui a soulevé les applaudissements de l’auditoire, elle n’a pas hésité à  demander le renversement de  l’ordre établi. « Il faudra peut-être faire la révolution s’ils vont trop loin ou dépassent les bornes, le peuple pacifique que nous sommes va  peut-être se tanner ! Le gouvernement nous répète qu’il n’a pas d’argent mais les entreprises reçoivent des aides gouvernementales puis se mettent sur la Loi de la faillite avec les millions des contribuables dans leurs poches. On veut que la richesse soit partagée. On est tanné des détournements de fonds, de  la corruption et du vol ! »

Karine Vincent, originaire de Saint-Clément  et œuvrant dans le milieu culturel pistolois assure croire pour sa part « profondément à l’engagement communautaire afin de rendre le monde meilleur, d’une façon pacifiste. Nous avons toutes les ressources nécessaires pour que se développe une conscience collective ». Déplorant  les coupures à Radio-Canada ou la menace  de fermeture de cinq conservatoires de musique, elle a souligné comment « un monde sans culture est un monde qui devient vide de sens, un monde de robots ». Prendre soin et investir dans notre culture locale, rallier les troupes, s’engager pour contrer l’individualisme, les changements demandent audace et courage. « Je ne veux pas que plus tard mon fils me dise que malgré tout ce que nous savions, nous n’avons rien mis en branle pour changer les choses ».
Raphaël Canet, sociologue et professeur, est un habitué des forums sociaux – à Mumbai, Porto Alegre, Caracas, Nairobi, Dakar, etc. « Les forums nous apprennent à nous connaître et à travailler ensemble pour changer le monde. Il faut sortir du cycle vicieux de l’impuissance. À notre échelle, que pouvons-nous faire pour notre communauté ? »
Dénonçant la dictature des marchés et de l’argent, il a relevé une certaine hypocrisie de nos dirigeants : «?Les gouvernements nous disent ne pas avoir d’argent, qu’il faut mettre en place des coupures. Pourtant lors de la crise financière en 2008, les États du monde entier, dont le Canada, ont débloqué 14 mille milliards de $ en quelques mois pour sauver les banques et le système financier.?» Pour Raphaël Canet, on doit dénoncer le système, mais aussi se mettre sur le mode proposition de solutions pour un retour à des communautés qui s’organisent et se construisent afin que «?l’économie soit au service de l’humain et non l’humain au service de l’économie?».
Il est normal de rencontrer des résistances quand on propose des changements. Oui revenir à des valeurs fondamentales comme la justice et la solidarité mais aussi développer le sens  des responsabilités et le respect du bien public, a dit en guise de conclusion Suzanne Tremblay : « Pour changer la société, nous devons d’abord nous changer nous-mêmes.?»

Share