(Opinion du lecteur)-Les dernières années ont été difficiles pour le cœur de nos collectivités. Entre la popularité toujours plus grande du commerce en ligne et l’avènement du télétravail, nos commerces locaux ont persisté et se sont réinventés.
La vitalité et la proximité de ces commerces
ont un impact positif sur notre quotidien et sur notre qualité de vie. Les
municipalités sont en action pour soutenir le dynamisme des noyaux villageois
et des centres-villes et pour assurer une offre de services et de commerces
diversifiée en réaménageant des rues commerciales et en investissant dans des
sociétés de développement économique. C’est une priorité pour nous!
Mon confrère Antoine Tardif, maire de Victoriaville, a pris la plume dans les
derniers jours pour dénoncer la décision de la Société des alcools du Québec
(SAQ) de décentraliser sa succursale du centre-ville vers un quartier
résidentiel de faible densité alors que la succursale est rentable. Cette
décision invraisemblable est un exemple parmi tant d’autres qui témoigne d’un
problème bien plus grand. L’État québécois ne prend pas la pleine mesure des
conséquences de ses décisions en aménagement du territoire. Pire, il ne suit
même pas ses propres règles.
Le gouvernement du Québec a publié cette année de nouvelles orientations
gouvernementales en aménagement du territoire. Il demande au monde municipal de
travailler encore plus fort pour contrer l’étalement urbain, protéger nos
milieux naturels et mettre en valeur nos terres agricoles. Malheureusement, il
est déconcertant de voir que les décisions du gouvernement du Québec en
aménagement du territoire ne sont pas soumises aux mêmes critères que ceux
imposés aux municipalités.
Au même titre qu’une succursale de la SAQ a un effet économique important pour
une rue commerciale, sa décentralisation peut avoir un effet complètement
déstructurant pour le tissu commercial existant. Il en va de même pour les
services qu’offre le gouvernement du Québec à la population. Par ses décisions
d’aménagement, le gouvernement du Québec peut créer un cercle vertueux ou
déstructurer un milieu de vie.
Un autre exemple criant de ce phénomène est l’obligation que se sont vu imposer
les municipalités de céder gratuitement aux centres de services scolaires
(CSS), aux frais des contribuables municipaux, des terrains de plus en plus
grands pour l’agrandissement ou la construction d’écoles. Les municipalités
doivent assumer un fardeau financier qui est difficilement soutenable, il
semble impossible pour les CSS d’optimiser les terrains qui accueillent déjà
des écoles ou d’envisager de construire des écoles de plus de deux ou trois
étages pour favoriser la consolidation des milieux. Le gouvernement du Québec
doit devenir un exemple de la prise en compte de ses actions sur le territoire
québécois et s’assurer que ses réseaux et ses sociétés d’État travaillent à
l’atteinte de ses objectifs en aménagement du territoire. Il faut, comme le
veut l’expression populaire, que les bottines suivent les babines!
Par Martin Damphousse
Président de l’Union des municipalités du Québec
et maire de Varennes
Photo : Le président de l’UMQ, Martin Damphousse. (Photo Facebook)