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Des loups marins au large de Trois-Pistoles

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Le capitaine Jean-Pierre Rioux avec des anglophones de l’École de langue française de Trois-Pistoles.

(M. J.) À vingt minutes à peine au large de Trois-Pistoles, il est possible d’admirer un fabuleux spectacle : des dizaines de phoques communs se prélassent sur des rochers. C’est le capitaine Jean-Pierre Rioux, aussi gardien de l’Ile aux Basques, qui organise ces excursions  où l’on peut contempler toute la beauté du fleuve et de ses animaux marins.
Dans les lueurs du soleil couchant, le bateau dérive tout doucement, moteur coupé, pour approcher les phoques.  Appuyés sur un flanc, tête dressée et  queue relevée, les phoques font la « banane ».  Humains et animaux s’observent avec curiosité. Plusieurs plongent pour venir plus près du bateau, si proches qu’on peut établir des contacts visuels avec certains d’entre eux.  Leur  tête, petite et ronde, fait presque  penser à celle d’un  chien.
Un groupe d’anglophones de l’École de langue française de Trois-Pistoles – en majorité des jeunes filles de l’Ontario – lancent des petits cris admiratifs en voyant les phoques. Le capitaine Rioux explique qu’autrefois « on appelait les phoques loups marins, parce que leurs longs gémissements ressemblent à ceux du loup. »
Il nous dit aussi qu’avec le béluga, le phoque commun est le seul mammifère marin résidant de façon permanente dans cette partie du Saint-Laurent. On estime sa population à moins de 3 000 individus. Passant l’été non loin de nos rives, il s’éloigne l’hiver à la recherche de glaces. Il peut vivre trente ans, pèse 100 kilos et mesure 1.5 mètre. Les accouplements ont lieu en juin et juillet après le sevrage des chiots.
Des phoques et des poissons
Les phoques se nourrissent à l’occasion de crustacés ou de mollusques mais principalement de poissons. Ayant mauvaise réputation auprès de certains pêcheurs, on l’a chassé intensivement jusque dans les années ’70. Des primes étaient mêmes octroyées  pour les tueries. Mais, selon le Réseau d’observation de mammifères marins (ROMM), « la quantité de poissons ingérés  par une population de phoques ne peut, à elle seule, expliquer le déclin des différents stocks de poissons commerciaux ». Cette chasse est maintenant interdite, exceptée pour les Amérindiens et quelques rares pêcheurs.
L’Ile aux Pommes
Le capitaine Rioux n’est pas seulement intarissable sur les phoques, il connaît aussi des histoires de marins et de naufrages.
Au retour, en longeant l’Ile aux Pommes – d’où s’éloignent des volées de canards – les anglophones rigolent à l’évocation  du nom de l’ermite du lieu : Coucou Belisle. Passant de longs mois sur l’île, il accueillait parfois les pilotes dont les goélettes aidaient les navires européens à remonter le fleuve jusqu’à Québec. Métier difficile mais lucratif, une certaine concurrence existait entre les pilotes. Malgré les conditions climatiques hasardeuses, il fallait être le premier à offrir ses services aux navires qui passaient. À leur retour, les pilotes pouvaient s’arrêter sur l’île  à l’abri des intempéries et Coucou Belisle les recevait alors chaleureusement.
L’Ile aux Pommes connut aussi un naufrage. Le 4 mai l893, le navire allemand Wandrahm s’échoua avec 680 passagers à son bord. Aucun décès, mais les immigrants allemands passèrent quatre jours sur l’île avant qu’un navire ne vienne les rescaper. Et on raconte que Coucou Belisle eut une brève mais intense aventure amoureuse avec une belle allemande…
Cette excursion d’observation de phoques  a eu lieu lors du Festival des Iles.
Information : 418.851.1202

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