(Alexandre D’Astous) L’Union des producteurs agricoles (UPA) est très fortement préoccupée par les récentes prévisions d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) sur le revenu net agricole québécois, et réitère que les deux paliers de gouvernement doivent intervenir de façon urgente et vigoureuse, tant au regard des budgets que des programmes de gestion des risques d’entreprise.
« AAC prévoit une chute de 49,2 % du revenu net agricole en 2023, et de 86,5 % en 2024. Il faut remonter au premier gouvernement de Maurice Duplessis, et au troisième de Mackenzie King, pour trouver un revenu net aussi bas au Québec, malgré des recettes records ces deux dernières années », a déclaré le président général de l’UPA, Martin Caron.
Du jamais vu depuis 86 ans
Le 16 février dernier, AAC a annoncé que le revenu du secteur agricole canadien atteindrait de nouveaux sommets en 2023 et 2024. La réalité varie toutefois grandement d’une province à l’autre, comme en témoignent les résultats pour le Québec. AAC prévoit en effet que le revenu net agricole québécois passera de 959 M$ en 2022 à 487,1 M$ en 2023 (-49,2 %), et à 66 M$ en 2024 (-86,5 %), du jamais vu depuis 86 ans.
Depuis 2022, l’UPA et ses organisations affiliées répètent sur toutes les tribunes que l’avenir des entreprises agricoles québécoises est plus fragilisé que jamais en raison de pressions économiques, territoriales, climatiques et environnementales inégalées. Ces appels ont mené à un nombre restreint d’ajustements aux programmes existants, et à diverses mesures dites « d’urgence » qui n’ont pas su répondre à l’ampleur des attentes et des besoins, comme le démontrent clairement les prévisions d’AAC.
Gestions des risques
Pour l’UPA, les deux paliers de gouvernement ne peuvent plus reporter leurs interventions. Il est urgent de mettre sur pied un vaste chantier sur l’ensemble des programmes de gestion des risques de l’entreprise. Les programmes actuels ne permettent plus de gérer efficacement les risques climatiques (aléas météorologiques imprévisibles), phytosanitaires (maladies des cultures ou animales), économiques (inflation) et commerciaux (instabilité des marchés) auxquels sont confrontées les entreprises agricoles.
Il est aussi impératif de rehausser de façon significative les budgets, le soutien, l’accompagnement, les mesures, et les programmes destinés aux productrices et producteurs ainsi qu’aux entreprises de la relève ou en démarrage. Maintenir à moins de 1 % du budget de l’État les ressources dévolues au secteur agricole (tant au fédéral qu’au provincial), indépendamment des annonces, des programmes, et des mesures récentes pour faire croître l’autonomie alimentaire, n’est tout simplement plus une avenue viable et soutenable.
« AAC confirme ce que les productrices et producteurs nous disent depuis deux ans qu’ils vivent très difficilement le contexte économique actuel, plus particulièrement en ce qui concerne l’inflation, l’augmentation fulgurante des taux d’intérêt, et l’endettement. Aujourd’hui, leurs préoccupations vont au-delà de la rentabilité, de la compétitivité et de la pérennité. Pour des milliers d’entreprises, c’est carrément de survie qu’il est question. Le visage de nos campagnes pourrait être méconnaissable à très brève échéance si rien n’est fait », a conclu M. Caron.
Photo: Le président de la confédération de l’UPA, Martin Caron, lors de la manifestation du 8 mars dernier à Rimouski. (Photo Alexandre D’Astous)