(Alexandre D’Astous)-Avec son budget 2023-2024, le gouvernement du Québec avait l’occasion de prendre un tournant plus que jamais nécessaire dans une société vieillissante comme la nôtre : celui de mettre la bienveillance envers les personnes aînées au cœur des missions de l’État québécois.
Au lendemain de son dépôt, la Coalition pour la dignité des aînés constate que le gouvernement n’inverse aucune tendance.
« Avec raison, les attentes des personnes aînées envers un premier budget post-pandémie étaient élevées. Malheureusement, notre première lecture nous signale que le gouvernement a encore beaucoup du chemin à faire pour nous garantir la dignité à laquelle nous avons droit », a réagi Michel Gobeil, porte-parole de la Coalition pour la dignité des aînés.
« Les aînés veulent vieillir chez eux, avec leurs proches, sans être isolés de leur communauté. Ce ne sont pas 963 M$ sur 5 ans – dont seulement 458 M$ d’ici 2026 – qui suffiront pour “intensifier” les services de soutien à domicile alors que même la Vérificatrice générale a déjà souligné qu’un investissement additionnel de 2 G$ par an représentait un strict minimum en la matière », ajoute Lise Lapointe, porte-parole de la Coalition.
Intensifier
le soutien à domicile
Mme Lapointe souligne que « de la manière dont les sommes sont réparties
actuellement, les bénéficiaires des services de soutien à domicile auront droit
à 1h30 de soins par semaine cette année, puis environ 2h en 2028. À ce rythme,
on ne peut pas sérieusement parler d’intensification des services de soutien à
domicile. Nous devrions pourtant y investir pour désengorger notre réseau ».
Dans ses recommandations, la Coalition demande au gouvernement de s’engager à
la hauteur de 3 G$ par an pour équilibrer le ratio entre soins à domicile et
soins offerts en établissement, et rappelle à juste titre que seulement 5 % des
aînés vivent en CHSLD. « Le gouvernement doit inverser la tendance et faire des
soins à domicile une véritable priorité budgétaire. », affirme M. Gobeil. Des 2
G$ de dépenses additionnelles prévues pour les personnes aînées et proches
aidantes dans le budget, rappelons que seulement la moitié (1,1 G$) serait
dépensée dans le présent mandat.
Régime des rentes
La Coalition salue néanmoins les modifications apportées au Régime des rentes
du Québec, qui témoignent dans leur ensemble d’une reconnaissance et du respect
de l’autonomie décisionnelle des personnes aînées.
La Coalition pour la dignité des aînés est d’avis que le gouvernement a le
devoir de donner aux services publics les moyens d’agir pour que nous puissions
enfin parler des injustices dont souffrent les aînés au passé, et aborder les
défis du vieillissement démographique comme des opportunités.
Se concentrant sur le renforcement de la défense des droits des personnes
aînés, la priorité à accorder au soutien à domicile au sein du réseau de la
santé et des services sociaux ainsi que l’enjeu de la sécurité financière pour
les aînés à faible revenu en pleine crise du coût de la vie, la Coalition avait
soumis ses recommandations dans le cadre des consultations
prébudgétaires.
Recommandations clés
:
- Investir au bureau du Protecteur du citoyen pour donner place à une spécialisation aînés (en moyens et en effectifs) dans le traitement des plaintes et les enquêtes;
- Procurer des soins et services tant en quantité qu’en qualité pour assurer le bien-être des personnes aînées, et ce où qu’elles demeurent (domicile, RPA, RI, CHSLD et autres), sur l’ensemble du territoire;
- Rendre automatique le crédit d’impôt pour maintien à domicile à toute personne de 65 ans et plus qui habite dans son propre domicile;
- Créer une nouvelle allocation pour les aînés de 65 ans et plus ayant un revenu inférieur au seuil de revenu viable sous la forme d’un crédit d’impôt remboursable;
Limiter les hausses de loyers en RPA à un maximum de 1.5 % à 2 % par année sur l’ensemble du territoire.
Photo : Lise Lapointe (Photo courtoisie)