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Jocelyn Bérubé : un sacré bon diable

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(M. J.) Pour Jocelyn Bérubé « le conte est vieux comme le monde ». Avant, chaque village avait son « diseur de menteries », un beau parleur qui embellissait la réalité parfois difficile du peuple.  On se racontait des histoires et après tout le monde dansait au son du violon.

En entrevue téléphonique de sa maison de Cap Saint-Ignace Jocelyn Bérubé, qu’on considère comme l’ancêtre du conte-spectacle au Québec, raconte son parcours. Pas facile d’en faire une histoire courte. 

Né à Saint-Nil, un village près de Matane maintenant disparu, il part dans la jeune vingtaine pour Montréal afin d’étudier au Conservatoire d’art dramatique de Montréal, pendant trois ans.  C’est là qu’il rencontre Raymond Cloutier avec qui il fonde le Grand Cirque Ordinaire. Avec d’autres, ces jeunes comédiens voulaient inventer une nouvelle forme de théâtre, puisant dans la création collective, la musique et l’improvisation. Un théâtre politisé, populaire, profondément enracinée dans la langue du Québec. 

« C’est là au début des années soixante-dix que j’ai commencé à raconter des légendes autour du violon et comme une histoire en amène une autre, cela m’a amené à donner des spectacles de contes un peu partout. On était dans une époque très effervescente, à la recherche de notre identité et de nos racines », nous dit le conteur-musicien ayant eu aussi une carrière au cinéma et à la télévision. Qui ne se souvient pas du méchant Jos Bérubé dans l’Héritage de Victor-Lévy Beaulieu ou du film L’homme à tout faire de Micheline Lanctôt…

Jocelyn Bérubé s’inspire des vieux contes traditionnels du Québec mais aussi de ses souvenirs gaspésiens. Un de ses premiers contes, Nil en ville, raconte la fermeture de son village natal, en même temps que plusieurs autres suite à une directive gouvernementale. On brûlait les maisons, déplaçait les populations : « Quand ta maison flambait/Dans la lueur des déportements/Tu regardais en chagrin par en haut/Devant ta maison qui brûlait/Tu voyais un oiseau qui chantait (…) Nil en ville, sans famille, sans village et sans pays/Tu portes enfin ton nom ».

Ça parle au diable !

Chez cet artiste du conte, à la fois émouvant et drôle, on retrouve une connexion au passé mais aussi une profonde réflexion sur le monde dans lequel on vit. Et il y a aussi, comme dans tout bon conte québécois le représentant de tout ce qui est interdit, tout ce qui doit être transgressé, le diable.  Son plus récent spectacle se nomme justement « Ça parle au diable ».

« Souvent dans les contes traditionnels, le yable se fait avoir, ce n’est pas lui qui gagne, c’est le futé ou carrément le curé, une sorte de James Bond en soutane, qui le détruit ».

Jocelyn Bérubé sera au Rendez-vous des grandes gueules de Trois-Pistoles pour le lancement du recueil avec CD « Des contes de Louis Fréchette », avec, entre autres, Michel Faubert.

Il n’a que des bons mots pour ce festival de contes : « L’ambiance y est très spéciale, unique. L’accueil du public est vraiment chaleureuse ». Il se dit aussi très honoré qu’on y décerne l’Oscar du conte Jocelyn Bérubé, une statuette de bois représentant le Quêteux, un personnage inspiré d’un de ses contes.

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