(Alexandre D’Astous)-En cette cinquième journée de grève sociale, la thématique mise de l’avant par le mouvement provincial est celle du droit au logement. Le Comité logement Bas-Saint-Laurent souhaite prendre le temps d’expliquer ici les raisons de sa participation à la grève qu’on pourrait rebaptiser “Écoeurés de patcher” !
Les dernières années ont été particulièrement difficiles pour les locataires du Bas-Saint-Laurent pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les prix des loyers ont explosé dans l’ensemble de la région. Pour certaines municipalités comme Matane (9,5 %) et Rivière-du-Loup (10,5 %), les hausses de loyers enregistrées pour la dernière année se retrouvent parmi les plus importantes de la province. La disponibilité des logements est également très faible. Le taux d’inoccupation enregistré pour 2023 est de 0,6 % à Rimouski, 1,3 % pour Matane et 0,7 % pour Rivière-du-Loup.
Reprises et évictions en hausse
Les reprises et les évictions ont aussi grandement augmenté à l’échelle de la province. Dans une compilation à laquelle nous avons participé, plus de 3 500 évictions forcées ont été répertoriées dans l’ensemble du Québec pour la dernière année.
« En conséquence, les demandes au service d’aide aux locataires de notre comité ont drastiquement augmenté. On estime qu’il y a environ trois à cinq fois plus de demandes d’accompagnement qu’il y a 10 ans. Cette explosion des demandes est liée d’une part à la crise du logement, mais également en grande partie au manque d’accès aux services du tribunal administratif du logement (TAL). Rejoindre un commis du TAL par téléphone est désormais pratiquement impossible, la ligne étant toujours occupée. Il n’est également plus possible de se présenter au TAL sans rendez-vous comme c’était le cas avant la pandémie », dénonce l’organisme dans un communiqué.
Cette restriction est restée en place au-delà de la crise sanitaire. Résultat, le TAL ne remplit pas correctement sa mission d’information juridique, et oblige les locataires à se tourner vers les ressources communautaires pour espérer trouver des réponses à leurs questions.
Deux reculs majeurs
De plus, les locataires ont également connu deux reculs majeurs en termes d’acquis sociaux récemment : le définancement d’Accès-Logis et la perte du droit à la cession de bail.
Face à cette situation, notre comité a multiplié les actions pour faire connaître l’urgence de la situation aux dirigeants : manifestations, fêtes de quartier, blitz d’appels aux députés, conférences de presse, lettres ouvertes, pressions médiatiques, etc. Aucune ouverture de la part de la du gouvernement en place n’a été constatée pour améliorer les conditions de vie des locataires. Au contraire, la ministre de l’Habitation a à maintes reprises fait preuve d’une insensibilité flagrante lorsque questionnée quant à ce que l’on peut qualifier de l’une des pires crises du logement de l’histoire du Québec.