(Alexandre D’Astous)-La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ a déposé ce lundi matin son mémoire dans le cadre des consultations prébudgétaires.
La FIQ appelle le gouvernement à planifier les dépenses avec une vision globale et durable des soins. Les deux priorités pour la Fédération et ses membres sont : un budget adapté aux besoins des professionnelles en soins et un réseau public de santé capable d’offrir des soins de qualité et sécuritaires à la population. Cela est d’autant plus important avec la création prochaine de l’agence Santé Québec.
Ne pas répéter les erreurs du passé
Alors que l’on entend le premier ministre parler de rigueur budgétaire, la FIQ presse le gouvernement de ne pas répéter les erreurs du passé. Pour 2024-
2025, la croissance des dépenses en santé doit être égale ou supérieure à celle des deux années précédentes. Autrement, ce sont les professionnelles en soins et les patients qui en paieront le prix. À l’inverse, la FIQ demande que le ministre des Finances prévoie un meilleur contrôle des dépenses pour le recours au privé en santé.
Des moyens pour réduire définitivement la pression sur le réseau de la
santé
« On exige de bonnes conditions de travail, mais on exige aussi un réseau public de santé qui permet à nos membres de donner des soins. On veut que le ministre des Finances se concentre à mieux soutenir ce qui peut réduire la pression sur le réseau de la santé : plus de prévention, de meilleurs soins en santé mentale, un financement adéquat des soins à domicile. De plus, avec la création de Santé Québec, le gouvernement ouvre la porte toute grande à une privatisation des services de santé. Nos recommandations visent à limiter l’argent public que l’État pourra verser au privé. Il ne faut pas enlever des ressources au réseau public pour les donner à des entreprises à but lucratif », explique Julie Bouchard, présidente de la FIQ.
Les recommandations de la FIQ sont notamment :
? Prévoir les sommes nécessaires à l’amélioration des conditions de travail
des professionnelles en soins, notamment par l’implantation graduelle de
ratios professionnelle en soins/patient-e-s;
? Élaborer une stratégie d’attraction et de rétention du personnel travaillant
dans le secteur du soutien à domicile et mettre en place le financement en
conséquence;
? Réinvestir massivement dans l’accès gratuit aux soins de santé mentale;
? Ajouter au budget 2024-2025 un poste de dépenses spécifique à la
gestion du changement engendré par la Loi visant à rendre le système de
santé et de services sociaux plus efficace;
? Diminuer et plafonner le budget du MSSS et de Santé Québec pour le
recours à la main-d’oeuvre indépendante et exiger du MSSS une reddition
de compte financière sur le déploiement de la Loi limitant le recours aux
services d’une agence de placement de personnel et à de la maind’oeuvre
indépendante dans le secteur de la santé et des services sociaux
et sur l’application des règlements afférents;
? Imposer des balises budgétaires à l’agence Santé Québec afin de limiter
le recours aux services dispensés par les prestataires privés de soins et
de services de santé;
Demande d’une analyse différenciée selon les sexes
Pour la FIQ, en adéquation avec son engagement depuis 1997, l’analyse différenciée selon les sexes (ADS+) doit être incorporée au sein du gouvernement. Les personnes proches aidantes et les travailleuses du réseau de la santé ont été trop souvent négligées. L’ADS+ permettrait de mettre en lumière toutes les inégalités induites par les politiques gouvernementales. Elle permettrait aussi de réduire tout écart dans la société, particulièrement en ce qui concerne l’égalité entre les femmes et les hommes et entre les femmes. C’est pour toutes ces raisons que les recommandations de la FIQ sont faites avec une vision d’ADS+.
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