(Alexandre D’Astous)-Au Québec, le cancer du sein est le cancer le plus diagnostiqué chez les femmes de 30 à 49 ans, pourtant peu de sensibilisation est faite auprès d’elles.
La Fondation cancer du sein du Québec (FCSQ) lance une nouvelle campagne de sensibilisation auprès des jeunes femmes. Nommée, C’est pas juste un cancer de matante, la campagne vise à sensibiliser les jeunes femmes ainsi que les médecins de famille aux risques de cancer du sein chez les femmes de 30 à 49 ans. Celle-ci se déploiera au Québec du 14 mars au 24 avril.
« Au cours des dernières années, nous avons remarqué à la Fondation que des femmes de plus en plus jeunes reçoivent un diagnostic de cancer du sein, constate Karine-Iseult Ippersiel, présidente-directrice générale de la Fondation cancer du sein du
Québec. La situation est préoccupante et nous considérons qu’il est de notre devoir d’agir et de faire circuler l’information afin que les jeunes femmes se sentent concernées plus tôt par la maladie et soient vigilantes devant les signes et symptômes. C’est d’autant plus important puisque le cancer du sein s’avère habituellement plus agressif chez les jeunes femmes. »
Un ton direct et percutant
Pour cette campagne, la Fondation emploie un ton direct et percutant, qui se dégage dans le titre notamment; « C’est pas juste un cancer de matante. Observe tes seins, t’es pas trop jeune. ». L’utilisation du terme « matante » ne vise pas à stigmatiser les femmes plus âgées qui sont également touchées par le cancer du sein, mais plutôt à susciter une réaction et une prise de conscience chez les femmes plus jeunes. Celles-ci ont possiblement vu des femmes plus âgées de leur entourage, dont des tantes, vivre avec un cancer du sein et ne pensent pas nécessairement qu’elles sont sujettes elles aussi à en développer un. La campagne mise donc sur ce référent auquel plusieurs jeunes femmes pourront s’identifier.
Il est important de noter que le cancer du sein peut aussi toucher les hommes. Ceux-ci représentent moins de 1 % des cas au Québec. Ce 1 % est toutefois 1 % de trop, et ils sont encouragés à porter attention à leur santé.
Une prise de conscience nécessaire
En 2021, l’Organisation mondiale de la santé a déclaré que le cancer du sein était désormais le cancer le plus diagnostiqué dans le monde. Bien qu’il soit souvent associé aux femmes plus âgées, le cancer du sein touche également les plus jeunes. En effet, il s’agit du cancer le plus diagnostiqué chez les femmes 30 à 49 ans au Québec. C’est également la cause principale de décès par cancer pour ce même groupe d’âge; de tous les décès par cancer chez les personnes de 30 à 49 ans, 17% sont dus au cancer du sein.
Malheureusement, les jeunes femmes peuvent avoir tendance à ne pas se sentir concernées par la maladie, ce qui contribue à alimenter le problème. C’est ce qui a motivé la FCSQ à créer cette nouvelle campagne de sensibilisation, qui vise à encourager les jeunes femmes et leurs médecins de famille à s’informer, à ouvrir la discussion avec leur entourage et à être vigilants face aux signes et symptômes du cancer du sein. En pratiquant l’observation des seins, comme le recommande la Fondation, les femmes apprendront à connaître leurs seins et seront capables de reconnaître les changements récents et persistants qui méritent une investigation plus approfondie. Grâce à cette vigilance, elles pourront prendre action rapidement en consultant leur médecin de famille ou en appelant la FCSQ pour obtenir du soutien.
Sarah-Maude Beauchesne ambassadrice
La scénariste, autrice et comédienne Sarah-Maude Beauchesne a choisi de s’impliquer en tant qu’ambassadrice de la campagne de sensibilisation pour aider à faire connaître cette réalité et à encourager les femmes de son entourage et de sa communauté à être à l’écoute de la santé de leurs seins. « À presque 32 ans, j’ai besoin de prendre conscience que le cancer du sein peut m’atteindre moi aussi, là, maintenant, explique Sarah-Maude Beauchesne. J’ai besoin de rester alerte, de passer le mot, d’en parler avec mes amies, avec mes soeurs, pour qu’ensemble on prenne soin de nos seins. »
Manque de prévention
Le manque de sensibilisation aux risques de cancer du sein chez les jeunes femmes est notamment une conséquence du peu de prise en charge qui est faite dans la province. Au Québec, le Programme québécois de dépistage en cancer du sein (PQDCS) débute à 50 ans.
Les femmes dans cette tranche d’âge sont invitées à passer une mammographie de dépistage à chaque deux (2) ans. Celles ayant moins de 50 ans n’ont cependant pas accès à un dépistage préventif. Il est important de rappeler qu’en posant un diagnostic de cancer du sein plus rapidement, les chances de survie augmentent. Par exemple, pour un cancer du sein traité à un stade précoce, le taux de survie à 5 ans est de 99 %.
C’est pourquoi la sensibilisation et la prévention deviennent des outils éducatifs primordiaux auprès des jeunes femmes. Il est essentiel que ces dernières pratiquent l’observation des seins à la maison.
Bien que la plupart des changements décelés par palpation des seins ne soient pas cancéreux, il est primordial d’être prudente et informée. Les inquiétudes et préoccupations des femmes concernant la santé de leurs seins devraient être entendues par les professionnels de la santé, peu importe l’âge des patientes. Nous sommes d’avis que la sensibilisation est la clé d’un dépistage précoce et qu’elle permet de sauver plusieurs vies.
C’est aussi ce que pense Émilie Jubinville, une jeune femme ayant combattu un cancer du sein triple négatif à l’âge de 27 ans : « L’observation des seins, c’est essentiel pour la santé des femmes. Il ne faut pas prendre pour acquis que ça arrive juste aux autres. Plus on est jeune, plus c’est agressif, plus c’est important. Deux minutes dans ta semaine. Ça peut te sauver la vie. »
Les statistiques actuelles indiquent qu’au Québec, si la tendance se maintient, une femme sur huit (8) développera un cancer du sein au cours de sa vie, et une femme sur 34 en mourra.
Pour toute question en lien avec le cancer du sein, les gens sont invités à communiquer avec leur médecin de famille ou la FCSQ au 1-855-561-ROSE.
La campagne prend la forme d’une offensive bilingue qui sera déployée sur le web, les réseaux sociaux, en affichage, et à la radio et sera soutenue par une campagne de relations publiques.
Photo : Sarah-Maude Beauchesne (Photo courtoisie Gaëlle Leroyer)