(Alexandre D’Astous)-Le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, ainsi que le chef du Parti Québécois et porte-parole en matière de Finances, Paul St-Pierre Plamondon, sont d’avis que le plan budgétaire 2023-2024 du gouvernement caquiste aurait dû faire davantage de place aux questions sociales.
« Le gouvernement sous-estime la part des questions sociales dans sa planification économique. Si les familles n’arrivent pas à se loger correctement, à trouver une place en CPE ou à avoir accès à des services de base comme la santé mentale, les sommes massives investies par la CAQ pour stimuler l’économie n’auront jamais les impacts escomptés. Il faut commencer par la base », a déclaré d’entrée de jeu le chef péquiste.
Trop peu pour le social
Le gouvernement rate la cible quant à plusieurs aspects importants du domaine social, les plus significatifs étant la lutte contre la crise du logement, la création de nouvelles places en CPE, le virage vers les soins à domicile et les investissements en santé mentale.
En effet, alors que l’accès à un logement devient de plus en plus cher pour les familles, les mesures annoncées sont loin d’atteindre la cible. « On signe concrètement l’arrêt de mort du programme Accès-Logis après les 3300 logements déjà annoncés qui seront construits. La CAQ compte réaliser 5200 logements sociaux et abordables sur 6 ans. Il faudrait plutôt construire 45 000 unités d’ici 5 ans simplement pour combler la demande réelle. De plus, la CAQ refuse toujours d’implanter des mesures de contrôle des hausses de loyers, comme l’abolition de clause F, l’interdiction d’Airbnb sauf sur exception et la création d’un registre des loyers pour mieux contrôler les hausses. C’est sans mentionner l’absence d’action pour aider les jeunes familles à devenir propriétaires, un rêve qui est en train d’échapper à toute une génération », a déclaré d’emblée le chef du Parti Québécois.
En matière de CPE, le gouvernement caquiste manque également d’ambition. « Alors qu’on parle d’un grand chantier pour les familles dans ce budget, quand on regarde concrètement, il n’y a qu’une conversion de 5000 places de garderies privées non subventionnées, sans création de nouvelles places. Il n’y a pas de virage 100% CPE comme le PQ le demande », a renchéri Joël Arseneau.
Soins à domicile
En matière de soins à domicile, le gouvernement rate de nouveau la chance d’effectuer un véritable virage vers les soins à domicile. « Alors qu’il faudrait arriver à des investissements supplémentaires de 3 milliards par année pour faire un véritable virage, on annonce des investissements d’environ seulement 200 millions par année. Il faut rappeler que le Québec n’investit que 22% de son budget en soins de longue durée dans les soins à domicile, alors que la moyenne européenne est de 50%. Pourtant, le vieillissement de la population s’accélère et atteindra un sommet aux alentours de 2030 au Québec. Le temps presse pour agir et le gouvernement ne saisit pas l’urgence, alors que 95% des Québécois souhaitent vieillir à la maison, et pas en maison des aînés », affirme le député des Îles-de-la-Madeleine.
Santé mentale
En matière de santé mentale, le gouvernement n’en fait pas suffisamment dans les circonstances. « Des investissements d’environ 25 millions par année, dans un contexte post-pandémique, où de plus en plus de citoyens doivent composer avec des enjeux de santé mentale, nous semblent nettement insuffisants afin de garantir un accès universel à des services de santé mentale. Le problème est connu : nous disposons de suffisamment de psychologues, mais les salaires offerts au public sont médiocres. Il est temps de donner de meilleures conditions de travail aux psychologues du réseau public afin de réduire l’écart salarial avec le privé, dans le but de créer enfin un programme de couverture universel », ajoute le porte-parole péquiste en matière de Santé, Joël Arseneau.
Un budget du statu quo en matière environnementale
En matière environnementale, le gouvernement suit une logique de statu quo alors que la situation commande des mesures d’urgence à la hauteur du défi climatique auquel nous faisons face, comme le rappelait le rapport du GIEC publié hier. « Les mesures d’urgence pour le transport collectif sont nettement en dessous des sommes nécessaires pour maintenir le transport à des niveaux de fréquence acceptables. On verra donc une réduction des services, de l’achalandage et de la fréquence, alors qu’on devrait doubler à terme l’offre de transport collectif partout au Québec. De plus, on ne connaît toujours rien du plan gouvernemental qui sera déposé. On ignore si les mesures nous permettront d’atteindre, ne serait-ce que les objectifs peu ambitieux de réduction de GES du gouvernement, soit de 37,5%. Mais à priori, on ne constate pas de mesures d’écofiscalité permettant de transformer et d’adapter l’économie québécoise et les habitudes des ménages en fonction des nouvelles réalités d’une économie verte du 21e siècle », mentionne monsieur Arseneau.
Quelques bons coups !
Le Parti Québécois a souhaité souligner quelques bons coups du ministre des Finances. « Le développement et la création de plusieurs nouvelles cliniques d’IPS est quelque chose que nous demandons depuis de nombreuses années afin de renforcer la première ligne du réseau de la santé. Nous nous réjouissons également des importants investissements en matière de culture, comme dans Télé-Québec. Il faut aussi souligner que la CAQ semble de plus en plus voir la lumière dans le dossier du troisième lien, alors que sa réalisation semble de plus en plus compromise », affirme Paul St-Pierre Plamondon.
Finalement, la possibilité de mettre fin aux cotisations RRQ après 65 ans est une demande constante du Parti Québécois et nous sommes heureux d’enfin voir le gouvernement la mettre en œuvre. « Nous aurions cependant pu en faire davantage afin d’encourager le retour des travailleurs expérimentés sur le marché de l’emploi en leur donnant un congé fiscal de plus grande ampleur. Ce que propose le Parti Québécois est d’accorder un rabais d’imposition de 15% sur les derniers 35 000$ déclarés en revenu, sans pénalité sur les rentes, jusqu’à un revenu maximal de 80 000$. Concrètement, les personnes âgées de plus de 60 ans qui font moins de 50 000$ ne paieraient plus d’impôts », conclut le chef du Parti Québécois.
Photo : Paul St-Pierre-Plamondon et Joël Arseneau. (Photo courtoisie)