(Alexandre D’Astous)-Après plusieurs semaines à lutter contre la pandémie, alors que l’impatience commence à s’installer chez plusieurs personnes, le Mouvement Santé mentale Québec propose aux Québécois de faire une pause et de se demander comment je me sens aujourd’hui.
Puisqu’on estime que 90 % de notre temps d’éveil est consacré à ressentir des émotions, le Mouvement propose dans le cadre de sa campagne annuelle l’une des sept astuces pour muscler sa santé mentale : Ressentir. Il met de l’avant l’importance de reconnaître nos émotions, car elles ne sont ni bonnes ni mauvaises, mais un simple signal, un message pour nous amener à répondre à un besoin.
Suivre sa boussole intérieure
«?Alors
que nous naviguons toutes et tous en pleine tempête, prendre le temps d’écouter
les émotions qui nous habitent, c’est suivre notre boussole intérieure afin de
garder le cap vers la terre ferme, mentionne Nathalie Dumais,
directrice de Santé mentale Québec – Bas-Saint-Laurent. Ressentir, c’est
accueillir et identifier ses émotions pour mieux s’orienter. C’est aussi
prendre le temps de cultiver des émotions positives afin de prendre des pauses
de ce qui nous stresse, nous fait peur, nous décourage et nous rend tristes.
Par exemple en donnant du sens à ce que l’on vit ou en maintenant nos liens
lors de rencontres virtuelles avec les amis et la famille.?»
Il faut savoir que nous sommes quotidiennement en contact avec des émotions –
qu’il s’agisse de joie, de tristesse, de colère, de honte, de fierté, ou de
peur. En ce moment, on peut ressentir de l’impatience à l’épicerie parce qu’une
personne prend trop de temps pour choisir son café, à la maison parce que notre
enfant a laissé traîner des jouets ou au travail quand on sent que la
distanciation sociale n’est pas respectée.
Ce qui nous dérange parfois, ce ne sont pas tant les émotions en elles-mêmes
que les réactions physiques et mentales qu’elles déclenchent en nous. Les
émotions peuvent nous stimuler, nous ralentir, nous fatiguer, nous angoisser ou
encore nous faire perdre la tête?! Le défi, c’est de considérer les émotions
comme des alliées, d’apprendre à les décrypter afin de nous permettre de
répondre adéquatement au besoin qui en découle.
Accueillir ses émotions
David Goudreault, le porte-parole du Mouvement Santé mentale Québec, ajoute
même que «?Ne pas écouter ses émotions, c’est comme enlever la pile de
notre avertisseur de fumée intérieur pour arrêter le bruit qui nous dérange,
sans vérifier si le feu est pris dans notre maison.?»
Apprendre à accueillir nos émotions, à écouter le message qu’elles nous
envoient, et à répondre aux besoins qui y sont associés permet un certain
apaisement. Cette écoute contribue même à une meilleure guérison suite à un
traumatisme. Afin de mieux affronter ces eaux troubles, la science démontre que
cultiver des émotions positives est une stratégie bénéfique. Leurs effets
seraient mesurables tant sur la santé physique, notamment cardiovasculaire, que
mentale. On pense entre autres à la gratitude, la joie, le calme,
l’enthousiasme, l’amour, l’intérêt, la solidarité ou le sens que l’on donne à
ce que l’on vit. Alors, pourquoi ne pas travailler à les cultiver en ces
temps de pandémie?? On peut avoir de la gratitude face à ce qui est bon dans
une journée, être fier d’essayer une nouvelle manière de faire, ressentir de la
détente pendant une marche ou être comblé par la joie d’avoir des nouvelles
d’une personne qu’on aime.
Mais apprendre à ressentir et à entendre le message, à prendre le recul
nécessaire pour y voir clair ne se fait pas du jour au lendemain. C’est comme
apprendre une nouvelle langue. Ça se fait en pratiquant?! Et si ce n’est pas
notre langue maternelle, c’est au fil du temps qu’on en intègre les subtilités.
Infos sur etrebiendanssatete.ca. Une riche programmation
Web est aussi offerte à l’occasion de la Semaine
de la santé mentale qui se déroule du 4 au 10 mai.