(Opinion du lecteur)-Les laboratoires hospitaliers du réseau de la santé sont essentiels à la prestation de soins et de traitements médicaux de qualité. Or, l’Ordre des chimistes du Québec est préoccupé par une disposition du projet de loi n° 15, Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace (PL15), qui met en cause la protection du public, en l’occurrence les usagers du réseau.
Dans sa forme actuelle, le PL15 propose d’évincer les biochimistes cliniques de la gouvernance clinique des laboratoires de biochimie du réseau de la santé. Par conséquent, la capacité des biochimistes cliniques à exercer pleinement leur responsabilité professionnelle en serait grandement affaiblie, ce qui viendrait générer un risque d’atteinte à la qualité des services de laboratoires pour le public québécois qui nous apparaît hautement problématique. Heureusement, il n’est pas trop tard pour rectifier le tir et le gouvernement peut le faire.
Il nous apparaît d’abord nécessaire de souligner ce qui constitue à nos yeux une anomalie dans la vaste réforme en santé du gouvernement. À l’heure actuelle, les biochimistes cliniques sont membres du département clinique de médecine de laboratoire. Ils peuvent également en être le chef. Or, dans la mouture proposée du PL15, ces derniers ne pourront plus accéder aux fonctions de gouvernance, n’étant pas nommés spécifiquement parmi les professionnels faisant partie des départements cliniques.
Une manœuvre inexplicable
Cette modification législative nous apparaît comme une manœuvre inexplicable afin d’exclure en catimini les biochimistes cliniques de la chefferie des départements et services cliniques de biochimie. Pourtant, ces spécialistes de la biochimie appliquée aux processus physiopathologiques humains sont hautement qualifiés pour exercer des fonctions de gouvernance de laboratoire. Ils jouent également un rôle essentiel dans le réseau de la santé en participant à la détermination de diagnostics et de pronostics, ainsi qu’au suivi de l’évolution de maladies ou encore de l’efficacité d’un traitement.
En ce sens, il serait d’une déplorable aberration que le gouvernement se prive délibérément de la précieuse expertise des biochimistes cliniques et de leur apport essentiel au réseau de la santé en les retirant du département clinique de médecine de laboratoire comme cela est proposé dans le PL15. Cela irait d’autant plus à contresens de la volonté affichée de la vaste réforme du réseau de la santé visant à améliorer l’efficacité et les performances du système de santé – et ce, sans compter les graves problèmes que cela causerait eu égard aux dispositions d’ordre public contenues au Code des professions, à la Loi sur les chimistes professionnels ainsi qu’à la réglementation qui en découle.
Un amendement est nécessaire
Ainsi, nous enjoignons les parlementaires et le gouvernement à amender le projet de loi n° 15 pour maintenir l’appartenance des biochimistes cliniques au département clinique de médecine de laboratoire, comme cela est actuellement le cas dans la Loi sur la santé et les services sociaux. Il est impensable que cette incongruité législative survive jusqu’à l’adoption du projet de loi. Le gouvernement doit impérativement s’y pencher, au nom de l’intérêt supérieur de la protection du public et des usagers du réseau de la santé.
Par Michel Alsayegh, président de l’Ordre des chimistes du Québec
Photo : Par Michel Alsayegh, président de l’Ordre des chimistes du Québec. (Photo courtoisie)