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L’opposition fait front commun contre les violences en ligne

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(Alexandre D’Astous)-Les trois partis d’opposition accompagnés des cinéastes Léa Clermont-Dion et Guylaine Maroist exhortent le gouvernement du Québec à agir pour mettre fin aux cyberviolences.

Les revendications de la pétition Stop les cyberviolences, soutenue par plus de 24 000 personnes, viennent d’être énoncées lors d’un point de presse ce lundi à l’Assemblée nationale en présence de la responsable solidaire en matière de condition féminine Ruba Ghazal, du député péquiste des Îles-de-la-Madeleine Joël Arsenault ainsi qu’avec l’appui de la responsable libérale en matière de condition féminine Brigitte Garceau.

« Monsieur le premier ministre, est-ce qu’il faudra qu’un cyberagresseur passe de la parole à l’action et tue une femme pour que vous agissiez réellement afin de contrer la misogynie en ligne?, interpelle Léa Clermont-Dion, réalisatrice. Nous vous implorons d’agir urgemment pour mettre fin aux cyberviolences faites aux femmes. »

L’heure est grave, les victimes sont sans ressources

« On ne peut pas rester les bras croisés. Ma collègue Christine Labrie avait lancé un cri du coeur en 2019 pour agir. Elle avait montré un exemple horrifiant de ce que nous, les femmes en politique, on reçoit comme messages. Ça a été un moment fort de la dernière législature. Tous les élus de toutes les formations politiques étaient d’accord pour dire que c’était tout simplement inacceptable. Il est temps de passer à la prochaine étape, il faut maintenant agir. Les solutions existent, assurons-nous que le gouvernement les mette en place », déclare Ruba Ghazal, responsable solidaire en matière de condition féminine.

Près de trois mois après l’appui de nombreux politiciens à la pétition Stop les cyberviolences, dont celui du ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette lui-même, rien n’a été fait.

Les violences envers les femmes ne cessent d’augmenter

Pourtant, les violences envers les femmes, elles, ne cessent d’augmenter, au Québec comme ailleurs. Pour les femmes en politique, les récents exemples prouvent chaque jour la nécessité d’intervention. Insultes incessantes envers France Bélisle, Catherine Fournier et Valérie Plante, mairesses de Gatineau, Longueuil et Montréal. Attaques misogynes et racistes envers les candidats aux élections en Ontario. Démission de Nancy Pelosi suite à l’attaque armée à son domicile. La radicalisation et la cyberviolence règnent. Pour les femmes hors de l’espace public, les ressources sont encore moins faciles d’accès.

« Des femmes se taisent et abandonnent leur droit de parole dans l’espace public. Il faut se rendre à l’évidence, l’enjeu est démocratique. Ce sont les droits des femmes qui sont menacés. Il faut agir », soutient la réalisatrice et productrice Guylaine Maroist.

« En ce moment, c’est pas une priorité » pour les autorités

« Maintenant que tu as fait ton film, tu es une cible de choix ma salope. » Ces propos sont apparus dans la boîte de messagerie de Laurence Gratton quelques semaines seulement après la sortie du film dans lequel elle est protagoniste, Je vous salope : la misogynie au temps du numérique. Elle a tenté de déposer une plainte suite à la réception de ces messages, mais la police a refusé de la recevoir, considérant que la situation n’était « pas une priorité ».

« J’ai été harcelée en ligne pendant cinq ans. On parle de menaces de viol et de menaces de mort à répétition, se désole Laurence Gratton, protagoniste de Je vous salue salope. J’ai vécu dans la peur pendant cinq ans. La police n’a jamais pu m’aider. »

Presqu’au même moment, la co-réalisatrice Léa Clermont-Dion a elle aussi été la cible d’internautes organisés en meute. Un montage photo obscène illustrant la cinéaste performant un acte pornographique dégradant a été partagé. Suite au signalement de celui-ci aux autorités de Twitter, le géant du web répond : « Après avoir passé en revue les informations disponibles, nous vous informons du fait que [l’utilisateur] n’a pas enfreint nos politiques en matière de sécurité ».

Les preuves sont là, les enquêtes ont été faites, un documentaire a été réalisé, le ministre de la justice lui-même a signé la pétition : que faut-il de plus pour que l’on agisse ?

La pétition au coeur de l’action

Les signataires de la pétition Stop les cyberviolences exhortent le gouvernement du Québec à instaurer une formation obligatoire aux policier.ères sur la question des cyberviolences faites aux femmes. En second lieu, ils et elles réclament aux élus de l’Assemblée nationale du Québec de faire pression auprès du gouvernement canadien, afin que celui-ci adopte une loi forçant les géants du web à supprimer les contenus haineux sous peine d’une amende substantielle. En Allemagne, une telle loi est en vigueur depuis 2017.

Les revendications sont soutenues par plus de 24 000 personnes, dont Janette Bertrand, Catherine Fournier, Yvon Deschamps, Fabrice Vil, Françoise David, Catherine Dorion, Monique Jérôme-Forget, Christine Labrie, Régis Labeaume, Rose-Aimée Automne T Morin, Pierre Nantel, Christine Saint-Pierre, Vincent Marissal, Marie Malavoy, Ingrid Falaise, India desjardins, Alexandre Champagne, Geneviève Pettersen, Marie-Thérèse Fortin, Sandrine Ricci, Julie Artacho, Martine Delvaux et Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques.

Photo: Joël Arsenault, Léa Clermont-Dion, Guylaine Maroist, Laurence Gratton et Ruba Ghazal. (Photo courtoisie)

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