(Alexandre D’Astous)-L’Union des municipalités du Québec (UMQ) accueille favorablement la Stratégie nationale d’adaptation du Canada présentée par le président du Conseil privé et ministre fédéral de la Protection civile, Bill Blair.
Pour la porte-parole des gouvernements de proximité, cette feuille de route constitue une avancée additionnelle pour rendre les communautés du Québec et du Canada plus résilientes, en reconnaissant notamment que les infrastructures municipales sont les plus touchées par les aléas climatiques.
« L’actualité climatique internationale, nationale et locale nous rappelle constamment les effets dévastateurs des changements climatiques sur la population et le territoire. Les municipalités et leurs populations sont les premières à vivre les conséquences des événements climatiques extrêmes, qui demeurent plusieurs mois et années après l’incident. Dans ce contexte, la Stratégie nationale d’adaptation tombe à point nommé et propose plusieurs orientations intéressantes, qui priorisent notamment l’adaptation des infrastructures municipales, reconnaissant qu’elles sont les plus affectées par les changements climatiques. Cela s’inscrit en droite ligne des chantiers mis de l’avant dans la Plateforme municipale Unis pour le climat de l’UMQ », a déclaré le président de l’UMQ et maire de Gaspé, Daniel Côté.
Le financement, condition essentielle pour adapter efficacement les municipalités
L’UMQ note que la stratégie vise notamment comme objectif fondamental la mise en place d’un financement public et privé durable, suffisant et équitable pour soutenir l’adaptation aux changements climatiques. Pour l’Union, il s’agit d’une condition essentielle au succès de la stratégie. Les attentes du milieu municipal à cet égard seront d’ailleurs élevées en vue du dépôt du plan d’action fédéral découlant de la stratégie à venir en 2023. Le cadre financier de 1,6 milliard de dollars liés au déploiement de la stratégie, présenté également aujourd’hui, contient à cet effet quelques mesures intéressantes, dont une bonification de 530 millions de dollars du Fonds municipal vert de la Fédération canadienne des municipalités (FCM) afin de soutenir des initiatives d’adaptation communautaires, ainsi qu’un investissement de 489,1 millions de dollars pour renflouer le Fonds d’atténuation et d’adaptation en matière de catastrophes (FAAC).
Or, bien que les sommes annoncées soient les bienvenues, elles seront insuffisantes pour répondre aux besoins des municipalités à ce chapitre. Rappelons qu’en septembre dernier, l’UMQ a dévoilé les résultats d’une étude inédite, réalisée par WSP et Ouranos, sur les impacts des changements climatiques sur les finances municipales. Celle-ci démontre notamment qu’il en coûtera plus de 2 milliards de dollars par an aux municipalités québécoises et ce, jusqu’en 2055, seulement pour adapter leurs infrastructures et les rendre plus résilientes aux aléas climatiques. Cela représente une augmentation de 12 % des dépenses pour les municipalités, que celles-ci ne pourront assumer à elles seules.
« Il faut s’assurer que des sommes substantielles soient allouées à la concrétisation des objectifs visés par la stratégie et, surtout, que cet argent se rende rapidement sur le terrain. Les gouvernements municipaux veulent et peuvent agir pour adapter nos communautés aux changements climatiques, mais doivent bénéficier d’un soutien financier adéquat de la part des autres paliers de gouvernement, pour ainsi mieux protéger leur population, leurs infrastructures et leur viabilité financière à long terme », a conclu monsieur Côté.
Financement des infrastructures : les municipalités québécoises toujours privées de 350 millions de dollars
Enfin, l’Union se montre déçue que l’enjeu lié au respect, par le gouvernement fédéral, des clauses de l’Entente bilatérale intégrée Canada-Québec relative au Programme d’infrastructure Investir dans le Canada n’est toujours pas réglé. Cela aura pour effet de devancer l’échéance de l’entente de 2025 à 2023 et de priver les municipalités du Québec de 350 millions de dollars d’investissements en transport collectif et en infrastructures vertes, dans un contexte où il y a urgence d’agir en matière d’adaptation et de lutte aux changements climatiques. Pour l’UMQ, il est important que les gouvernements fédéral et québécois dénouent cette impasse et s’entendent sur des paramètres simples et flexibles pour que les municipalités du Québec puissent utiliser ces fonds.
Photo : Le président de l’UMQ, Daniel Côté. (Photo Alexandre D’Astous)