(Opinion du lecteur)-L’adoption du projet de loi n° 12, Loi visant principalement à promouvoir l’achat québécois et responsable par les organismes publics, à renforcer le régime d’intégrité des entreprises et à accroître les pouvoirs de l’Autorité des marchés publics est une excellente nouvelle pour les contribuables et les travailleurs.
Non seulement cela favorisera-t-il l’innovation et l’achat québécois, mais viendra également contribuer à assurer la sécurité sur les chantiers de construction. Rappelons que le texte consacre l’ajout de la notion de valeur dans toutes les sphères d’achats gouvernementaux, notamment en matière de construction.
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’avant la sanction dudit projet, la structure des appels d’offres publics favorisait de facto la règle du plus bas soumissionnaire dans les modes, et limitait donc l’approvisionnement en technologies innovantes. On ne se souciait pas assez de la sécurité des travailleurs. En effet, la « recherche de la meilleure valeur dans l’intérêt public » est désormais un critère incontournable des contrats publics. Enfin! Malgré tout, il est maintenant impératif de donner suite au projet de loi n° 12 plus concrètement, si l’on veut réellement que ses objectifs permettent sur le terrain d’innover et privilégier des solutions sécuritaires. Les critères d’adjudication doivent changer eux aussi.
La sécurité ne doit pas être prise à la légère
Il est connu que la sécurité des travailleurs sur les chantiers de construction n’est pas à prendre à la légère. Bien qu’il soit important de payer le juste prix pour des constructions publiques, le fait de ne pas considérer pleinement la valeur d’un produit peut avoir des effets très négatifs. Pensons à l’asphalte. Eh bien, sur un chantier, c’est aussi préoccupant : faire abstraction de la qualité engendre un coût notable pour l’ensemble des contribuables – sans compter les conséquences physiques qui peuvent s’avérer dramatiques, voire irréversibles. La CNESST partage d’ailleurs notre souci de protéger la santé et d’assurer la sécurité des travailleurs dans le secteur de la construction et fait la promotion d’outils novateurs. Cela est rassurant! On peut sauver des vies.
À titre d’exemple, pensons au déclencheur d’élingue à distance. Il est sécuritaire pour le déplacement et la manipulation des charges, dont le détachement de celles-ci. Sa technologie de pointe permet aux grutiers de faire le travail de leur cabine, en toute sécurité. Une avancée par rapport aux élingues à crochet. Là où le bât blesse, c’est que cette innovation technologique d’ici, pour ne parler que d’elle, n’arrive pas à percer les marchés publics québécois parce qu’elle pose un coût supplémentaire. Pourtant, elle se traduit par une plus grande valeur pour le contribuable, ce que vient justement consacrer le projet de loi n° 12.
Ajouts de critères dans les appels d’offres publics
Dans cette perspective, nous demandons au gouvernement du Québec d’inclure rapidement des critères supplémentaires dans les appels d’offres publics en construction qui favorisent l’utilisation de technologies innovantes. Faire une pierre deux coups. Cela permettrait non seulement d’assurer la sécurité des travailleurs sur les chantiers, mais aussi de favoriser l’achat québécois dans les contrats publics. Dans notre cas particulier, il s’agit d’une opportunité pour le Québec de devenir un chef de file en matière de sécurité sur les chantiers de construction tout en offrant une ouverture pour le génie québécois. N’est-ce pas là une priorité pour le gouvernement du Québec? N’est-ce pas ce dont la population a besoin?
Par Chantal Lachance, Crochet de levage Gotcha! inc.
Photo : Chantal Lachance (Photo courtoisie)