(Alexandre D’Astous)-Bien installée à Trois-Pistoles, la danseuse et chorégraphe Soraïda Caron est la preuve vivante qu’il est possible de vivre de la danse en région, même si cela ne se fait pas sans embûches, et nécessite énormément de détermination et de volonté.
« C’est possible, mais il y a un lot de défis supplémentaires. Par exemple, dans la région, nous n’avons pas les artistes professionnels, non seulement les interprètes, mais aussi les professionnels de la scène. L’écosystème professionnel de la discipline n’est pas présent dans la région. Ça coûte plus cher pour produire une pièce parce qu’il faut aller les chercher. Il n’y a pas non plus de lieux de création. On doit avoir un peu plus d’imagination », mentionne-t-elle.
Soraïda a étudié la danse à l’Université du Québec à Montréal. « Je suis resté là quelques années après mes études. J’ai dansé pour la compagnie Corps Indice, avec laquelle je suis allée en Europe. J’ai participé à des festivals émergents à Montréal. Par la suite, je suis revenue dans la région et je me suis installée à Trois-Pistoles », raconte la native de la République dominicaine, qui a grandi à Saint-Cyprien après avoir été adoptée à l’âge de deux ans.
À son retour en 2007, Soraïda s’est rendu compte qu’il y avait des écoles de danse, mais aucun artiste professionnel sur le territoire. « Il y avait du travail à faire pour rendre le terme danse contemporaine un peu plus accessible. J’ai enseigné à l’école de danse Quatre Temps de Rimouski, et par la suite je me suis davantage consacrée à ma carrière de chorégraphe et cela a déboulé rapidement ensuite », mentionne-t-elle.
Mars elle danse
En 2015, Soraïda lance sa compagnie, Mars elle danse. « Je voulais créer des œuvres et faire des spectacles. Au début, c’était difficile d’aller chercher du financement auprès des instances locales. Le CALQ [Conseil des arts et des lettres du Québec] m’a toujours soutenue, mais pour le reste, il fallait que je débatte de la pertinence d’avoir une compagnie de danse. Les gens pensaient que c’était une école de danse, ce qui n’est pas du tout le cas. C’est une compagnie de création qui conçoit et présente des spectacles. Le défi c’est de convaincre des diffuseurs de nous mettre à leur programmation. En danse, il y a Parcours Danse au Québec. Nous avons la chance de faire partie de la sélection avec notre dernière création. C’est un très gros avantage d’être en vitrine dans un réseau comme cela parce que tous les diffuseurs sont là. »
Des objectifs à l’international
Soraïda Caron vise à se produire à l’international. « Ç’a toujours été ça mon but. Je veux tourner à l’international. On s’en va en Allemagne pour deux mois avec Ito Laïla Le François, une artiste sculpteure de Saint-Narcisse-de-Rimouski, au mois d’août. Nous avons été sélectionnées pour aller travailler dans un centre chorégraphique hautement reconnu à Potsdam. Nous allons rencontrer beaucoup de gens du monde de la danse. En deux mois, je vais avoir le temps de créer des liens. Ce sera ma première carte de visite. Sinon, je retourne à Tunis, en Tunisie, pour participer à une table ronde sur la danse en juin, dans le cadre du festival chorégraphique Carthage, et l’an prochain, à mon festival, je vais inviter le chorégraphe. »
Marathon de la création
Le Marathon de la création sera de retour à Trois-Pistoles du 6 au 8 juillet. « Nous sommes en train de compléter la programmation. Nous avons de belles surprises, de belles collaborations avec d’autres événements. Nous aurons un spectacle pour enfants. Nous avons travaillé fort pour monter une programmation qui saura plaire à un grand nombre de personnes. »
En plus de tout cela, Soraïda participera au festival de Cacouna. « Je vais présenter un extrait solo de ma future création qui s’appelle Les petits désordres. C’est un feu roulant jusqu’à l’automne. »
Pour l’avenir, Soraïda souhaite former un OBNL pour avoir une équipe autour d’elle. Elle aimerait aussi avoir son studio pour s’implanter davantage dans sa communauté à Trois-Pistoles.
Photo : Soraïda Caron (Photo Courtoisie Yvan Couillard)