(Alexandre D’Astous)-En prévision de la mise à jour économique du gouvernement du Québec et alors que la tarification du carbone fait l’objet de discussions à l’international, au Comité consultatif sur les changements climatiques ainsi que dans l’État de Washington, les Producteurs de grains du Québec (PGQ) expriment leur inquiétude quant aux orientations du gouvernement québécois en la matière.
Les PGQ réitèrent leur engagement dans la lutte contre les changements climatiques, notamment par le développement et la mise en œuvre de pratiques agroenvironnementales. Les producteurs de grains réaffirment qu’il est crucial d’assurer une équité en matière de tarification carbone qui tienne compte des réalités complexes du secteur agricole.
« Nous ne sommes pas en désaccord avec l’idée de la tarification carbone ; toutefois, nous sommes inquiets des discussions concernant sa majoration et l’iniquité actuelle de son application. Il faut se doter de mesures pour assurer une équité en matière de tarification carbone si l’on veut assurer la pérennité du garde-manger des Québécois. De plus, dans le contexte de la mise à jour économique et des consultations prébudgétaires, nous tenons aussi à rappeler qu’il existe plusieurs leviers économiques et mesures qui permettent à la fois de contribuer à la compétitivité du secteur des grains et à la lutte aux changements climatiques. À tout le moins, une bonne politique de rétribution des pratiques agroenvironnementales et un bon programme de soutien aux régions. Et tout cela est à la portée du ministre québécois des Finances, M. Eric Girard », déclare Christian Overbeek, président des Producteurs de grains du Québec.
Des recommandations
Les PGQ présentent leurs recommandations au gouvernement du Québec pour établir une équité en matière de tarification carbone et pour maintenir notre compétitivité, soit :
1) Exempter le secteur agricole de la taxe carbone ou compenser les coûts inhérents — tel le diesel agricole ;
2) Permettre aux agriculteurs de négocier et d’échanger des crédits compensatoires pour toutes les pratiques et techniques visant à réduire les émissions, et créer un système facilitant la formation de blocs de crédits carbone regroupant plusieurs producteurs ;
3) Mettre en œuvre des incitatifs financiers pour encourager les investissements dans des technologies et infrastructures vertes ;
4) Instaurer une politique de réciprocité sous la forme de taxe carbone à l’importation afin de maintenir la compétitivité des fermes québécoises ;
5) Accélérer la mise en place des protocoles d’évaluation spécifiques aux émissions dans le secteur des grains ;
6) Reconnaître le fait que les nouvelles réalités climatiques sont préjudiciables pour la pérennité du secteur des grains. Et que le gouvernement en profite également pour se doter d’une politique de rétribution des pratiques agroenvironnementales, s’accompagnant d’un fonds annuel de 50 M$, visant à soutenir adéquatement les producteurs dans leur transition vers des pratiques plus durables et adaptées ;
7) Demander la mise sur pied d’un programme annuel de 25 M$, spécifiquement dédié aux producteurs de grains des régions éloignées, qui font face à des défis supplémentaires comme le coût de transport plus élevé, l’accès plus restreint aux transformateurs ou encore, un choix de culture limité.
Photo : Le président des Producteurs de grains, Christian Overbeek. (Photo courtoisie)