(Alexandre D’Astous) La traverse Trois-Pistoles–Les Escoumins joue un rôle capital dans l’économie et le développement de la Première Nation des Innus d’Essipit, sur la Côte-Nord.
« Nous avons travaillé très fort pour conserver nos acquis. Nous sommes très contents que le service soit de retour en 2021. Nous étions sur le quai pour attendre le bateau lors de la première traversée de la saison. Cela a pris un certain temps, mais le gouvernement a finalement été à l’écoute, une fois que nous avons développé nos arguments », lance le chef de bande, Martin Dufour, qui est aussi le président de la Compagnie de navigation des Basques.
Un service essentiel pour toute la Côte-Nord
M. Dufour estime que la traverse Trois-Pistoles–Les Escoumins est un service essentiel pour toute la Côte-Nord, surtout en cette année où le lien Rimouski–Forestville n’est pas en activité. « C’est un canal important qui amène beaucoup de touristes, mais aussi des travailleurs saisonniers qui viennent combler en partie la pénurie de main-d’œuvre qui touche la Côte-Nord. Le tourisme s’est développé autour de la traverse, que ce soit pour l’hébergement, les croisières ou les attraits touristiques. C’est clair que ce service est essentiel pour nous. On souhaite que le gouvernement le reconnaisse parce que pour le moment, c’est un éternel combat pour obtenir du financement afin de faire des réparations sur le navire », dit-il.
« L’annonce du financement des travaux de restauration a été accueillie avec un grand soulagement, mais nous croyons qu’il faut changer les mécanismes afin de bénéficier d’une reconnaissance du gouvernement. Nous avons senti un important manque l’été dernier en l’absence du service. Il faut maintenant s’assurer qu’il n’y aura plus d’arrêt de service. Nous sommes la plus vieille traverse au Québec. L’histoire prouve notre pertinence. Les retombées économiques sont majeures. On parle d’un minimum de 5 M$ par année. Nos deux quais sont pratiquement neufs. Le bateau est restauré et bon pour plusieurs années. Il n’y a pas de raison pour que le service cesse », mentionne M. Dufour.
Pas de compétition
M. Dufour est d’avis que toutes les traverses sont importantes, et qu’il ne devrait pas y avoir de compétition entre elles. « Il y a de place pour tout le monde. De notre côté, nous devrions bien nous en tirer, malgré la pandémie. Notre principale force, c’est notre fiabilité. Nous avons annulé seulement deux traversées lors de notre dernière année d’activité. Le fait d’offrir un service de réservation nous démarque également. C’est très apprécié par nos clients. Nous avons aussi un très bon esprit d’équipe, en commençant par nos deux capitaines, Jean-Philippe Rioux et Alexandre de Lasalle, qui sont en plus cogestionnaires », indique celui qui souhaite d’ailleurs sensibiliser les campeurs à ne pas accaparer le quai. « L’an dernier, nous avons laissé des gens s’installer sur le quai parce que la traverse n’était pas en service. Nous allons trouver des solutions pour accommoder les gens de la place, mais le quai doit rester libre. »
Photo : Le chef du Conseil des Innus d’Essipit et président de la Compagnie de navigation des Basques, Martin Dufour. (Photo courtoisie)