(Alexandre D’Astous) – La Fédération des OSBL d’habitation du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles (FOHGBI) se réjouit de la somme de 1,8 milliard $ que le ministre des Finances Eric Girard octroie à la construction de 8000 nouveaux logements sociaux et dits abordables d’ici 2028, dont la moitié provient du gouvernement fédéral.
« La FOHBGI s’interroge cependant sur l’opportunité d’investir ces sommes dans un programme ouvert au secteur privé, à profit, qui ne garantit pas l’abordabilité à long terme des logements construits », analyse le directeur général de la FOHBGI, David Barbaza.
La FOHBGI rappelle que le 19 octobre dernier, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité une motion enjoignant le gouvernement à consacrer la totalité de la somme découlant de l’entente avec le fédéral à du « logement hors marché », c’est-à-dire des logements sociaux et communautaires dont les loyers n’exploseront pas au terme d’une période limitée.
4000 unités supplémentaires
La mise à jour économique prévoit également l’octroi de 4000 unités supplémentaires dans le Programme de supplément au loyer (PSL), qui permet aux ménages admissibles de ne consacrer que 25 % de leurs revenus à se loger. « Ces unités seront attribuées exclusivement aux 8000 nouveaux logements annoncés, ce qui est une bonne chose », d’ajouter M. Barbaza.
Selon David Barbaza, « avec les logements déjà annoncés, ce sont pas moins de 23 000 nouveaux logements sociaux et abordables qui pourraient être réalisés dans les cinq prochaines années. La FOHBGI se questionne toutefois quant au réalisme de cette prévision, alors que la mise à jour ne comprend aucune nouvelle somme pour compléter le financement des 15 000 logements déjà annoncés. »
La proportion de logements sociaux et abordables inconnue
« Si cet engagement se concrétise, précise le porte-parole, cela signifierait un résultat plutôt supérieur à ce que l’on a connu ces dernières années. Toute la question, maintenant, est de savoir quelle proportion de ces investissements sera réservée au logement social et communautaire, qui produit des effets structurants dans le marché de l’habitation, et pas que dans les grands centres, mais dans nos régions également. Il faut absolument redynamiser les régions, qui en ont plus que besoin actuellement. »
La FOHBGI tient également à souligner l’importance de subventionner la rénovation du parc de logements communautaires, tels que les OSBL, pour ce qui est de la portion vieillissante de ce parc. Au Bas-Saint-Laurent, ce sont 6,5 % des ménages qui résident dans des logements qui nécessitent des réparations majeures.
Itinérance
La mise à jour économique prévoit le rehaussement du soutien financier des organismes œuvrant auprès des personnes en situation d’itinérance, dont le gouvernement reconnaît ainsi le rôle incontournable dans la prestation des services d’hébergement. « On constate sur le terrain que les personnes en situation d’itinérance ou en voie de le devenir sont de plus en plus
nombreuses dans nos régions, continue M. Barbaza. Ne serait-ce qu’à Matane et à Rimouski, ce sont plus de 5 % des ménages qui consacrent 50 % et plus de leurs revenus à payer leur loyer. »
Pour la FOHBGI, l’investissement en logement est une excellente orientation, mais cela doit aussi venir avec des mesures pour favoriser la stabilité résidentielle. Or, la mise à jour économique ne prévoit aucun rehaussement du financement du soutien communautaire en logement social, une pratique qui a fait ses preuves pour accompagner les locataires en situation de vulnérabilité. « Souhaitons que le prochain budget régulier du gouvernement de la CAQ réponde enfin à la demande des organismes du milieu, qui évaluent à 35 millions par année le besoin de financement en soutien communautaire. »
Tout bien considéré, la mise à jour économique envoie un message positif, et constitue une note d’espoir dans un contexte extrêmement difficile pour les ménages québécois. Les OSBL d’habitation continueront, pour leur part, d’offrir un toit et du soutien à ces ménages fragilisés.
Photo : Le directeur général de la FOHBGI, David Barbaza. (Photo Laurie Cardinal)