(Alexandre D’Astous)-Le Festival de cinéma Les Percéides fête ses 15 ans d’existence cette année et souhaite créer une résidence internationale d’artistes à Percé avec l’acquisition de la maison patrimoniale le Havre située au cœur du village.
Le festival veut ainsi répondre à un besoin urgent d’hébergement culturel à Percé et pouvoir accueillir en résidence dans un contexte professionnel, des cinéastes et différents artistes tout au long de l’année. Le festival les Percéides gère déjà plusieurs activités d’envergure, mais il est freiné depuis quelques années dans son développement par le manque de ressources au niveau de l’hébergement.
L’organisme gère une nouvelle salle de cinéma de 60 places aménagée dans l’ancien et mythique Centre d’art de Percé et organisera la tenue du 15e Festival international de cinéma et d’art de Percé en août prochain. De plus, il se chargera de la 8e grande rencontre des arts médiatiques en Gaspésie, un événement d’arts numériques qui se déroulera à Percé en septembre. À cela s’ajoute l’école de cinéma d’été de Percé, une activité de formation professionnelle consacrée au 7e art et mise en place depuis 2018. Cette école a vu défiler des formateurs et cinéastes réputés tel le directeur de la photographie et réalisateur Michel La Veaux et les cinéastes Léa Pool et Hugo Latulipe.
Manque d’hébergement
Accentué par les effets de la pandémie, le contexte de pénurie et de coûts
locatifs élevés des hébergements partout en province, la difficulté à disposer
de locaux adéquats frappe plus dramatiquement les petites villes situées en
région comme Percé.
Construit en 1927 et originalement nommée « The Haven », l’hôtel situé en plein
cœur de Percé est devenu une propriété privée, mais a gardé un avantage
inespéré et indéniable : il a été soigneusement préservé par Edna Biard,
descendante de la famille du même nom dont les belles demeures ont façonné
l’histoire de la ville au rocher percé. Ainsi, tout le mobilier des huit
chambres, du salon commun et de la salle à manger est demeuré intact et
fonctionnel. À quoi se rajoutent trois cabines (une rareté architecturale) et
une petite grange sur les 6250 m2 de terrain.
Maison patrimoniale
Cette acquisition assurera la
préservation d’une maison patrimoniale au riche passé qui a accueilli
d’éminents artistes, dont le plus connu est le maître du mouvement surréaliste
français André Breton, qui y séjournera un mois durant l’été 1944 pour écrire
son roman Arcane 17. Une plaque commémorative, offerte par l’ambassade
de France, souligne d’ailleurs ce séjour historique.
En s’associant au festival les Percéïdes, la maison le Havre pourra demeurer
dans la communauté culturelle active de la région, un désir que souhaite
d’ailleurs la propriétaire : « Il va sans dire que nous voulons que vous
préserviez la bonne utilisation de ce magnifique patrimoine de l’histoire du
Québec » a tenu à préciser Edna Biard.
L’historien Jean-Marie Fallu, président de Patrimoine Gaspésie, abonde dans le même sens : « Si la ville de Percé est une destination touristique bien reconnue, elle le doit beaucoup à son histoire, à son patrimoine et à sa vitalité culturelle. Percé est depuis longtemps une source d’inspiration pour les artistes. Ainsi, je me réjouis du projet que caresse le Festival international de cinéma et d’art les Percéides de faire de l’ancien hôtel « The Haven » (le Havre), une résidence d’artistes. Ce projet s’inscrit tout à fait dans la tradition de cette maison. »
L’ensemble des activités du festival est tributaire de la capacité â loger les équipes, les cinéastes, les artistes et les invités. Cette problématique récurrente avait été partiellement résolue par l’accès temporaire à la maison Biard de Percé, propriété de l’Université Laval durant de nombreuses années et que le festival les Percéides a loué à plusieurs reprises. Malgré nos doléances en juin 2022 auprès de l’université Laval, la maison Biard a été vendue sur le marché privé à l’automne 2022.
Enrichir la vitalité culturelle
« Nous sommes persuadés que ce projet de résidence d’artistes à Percé ne fera qu’enrichir la vitalité culturelle de la région et répondra à un besoin urgent pour que Percé, qui fut toujours considérée comme un pôle culturel québécois, puisse se tourner vers l’avenir et continuer à offrir aux artistes et travailleurs culturels, des espaces de travail abordables et accessibles », précise pour sa part M. Benoît S. Pilon, président du conseil d’administration du festival les Percéides.
Alors que Percé a été désignée officiellement « Espace Bleu » de la Gaspésie
par le biais de l’acquisition de la villa Frederick-James, la requête auprès du
ministère de la Culture offre une opportunité. Ce faisant, une solution pérenne
afin d’accueillir le milieu culturel de passage à Percé, tout au long de
l’année sera effective, que ce soit pour les activités du festival ou pour le
besoin des autres organismes culturels de la région.
Cette démarche interpelle le ministère de la culture du Québec et le ministère
du Patrimoine canadien afin de créer une nouvelle structure essentielle pour
que Percé conserve sa vocation culturelle, préserve sa mémoire patrimoniale et
historique et associe ce lieu emblématique à la mouvance artistique
contemporaine.