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Lien entre l’analphabétisme et la précarité sociale et économique

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(Alexandre D’Astous) La Fondation pour l’alphabétisation dévoile les résultats de l’étude « Aperçu d’un indice de grande vulnérabilité dans plusieurs villes du Québec », réalisée par l’économiste Pierre Langlois.

Dans un contexte hors du commun où le Québec est vivement touché par des enjeux d’inflation et de pénurie de main-d’œuvre, l’étude met en lumière l’existence d’un noyau dur de la population au sein duquel les enjeux de littératie seront encore plus difficiles à résoudre.

C’est en corrélant les résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (2012) aux données du dernier recensement canadien (2016) sous la perspective d’un double enjeu de pauvreté économique et sociale, incluant le niveau de littératie, que M. Langlois a été en mesure d’estimer les populations touchées par une spirale de grande vulnérabilité de laquelle il est très complexe de sortir sans une approche d’aide multisectorielle.

Une troisième étude

« C’est notre troisième étude. Nous voulons bien documenter le phénomène de l’analphabétisme, en avoir une connaissance plus fine et nuancée, notamment par région, pour mieux connaître et comprendre les facteurs et ainsi poser les actions requises pour améliorer la situation. La littératie, c’est un enjeu de société qui a un impact sur la situation économique des gens. Le gouvernement doit s’impliquer, mais aussi les maisons d’enseignement et même les entreprises », indique l’enseignante en adaptation scolaire à l’UQAM et membre du conseil d’administration de la Fondation pour l’alphabétisation, Monique Brodeur.

Mme Brodeur note que les Villes où l’on retrouve des universités et des lieux de diffusion culturelle ont de meilleurs résultats en matière de littératie. Par exemple, Rivière-du-Loup et Matane sont à 8 % de gens ayant des problèmes, comparativement à 5 % à Rimouski. « Nous avons besoin d’une mobilisation de tous les acteurs, de la naissance à la mort, en commençant par les éducatrices en CPE et les parents afin d’inculquer le goût de la lecture », dit-elle.

Une spirale de précarité

La coexistence d’enjeux de littératie et de revenus donne lieu à une tempête sociale parfaite. D’une part, les compétences de base insuffisantes sont un frein évident à l’employabilité, à la progression salariale ainsi qu’à la formation scolaire et professionnelle. D’autre part, vivre en situation de faibles revenus rend, sans un appui financier spécifique, quasi impossible le déploiement des ressources et du temps nécessaires pour l’apprentissage adulte, le raccrochage scolaire ou la requalification professionnelle. En somme, les deux phénomènes s’alimentent l’un et l’autre, créant une spirale de précarité sociale et économique.

Au Bas-Saint-Laurent, l’indice de grande vulnérabilité de Rivière-du-Loup et de Rimouski atteint respectivement 8,31 % et 5,21 %. La moyenne des villes étudiées se situe autour de 6 %.

Pistes de solution

Devant ces résultats, l’économiste Pierre Langlois avance qu’une première étape pour lutter efficacement contre la grande vulnérabilité serait d’associer un programme de requalification des compétences de base à un programme visant un soutien financier minimal à hauteur de la mesure du panier de consommation (MPC) d’un ménage ou d’un individu sans contrainte à l’emploi.

Une telle stratégie permettrait à plus de 176?000 personnes de 20 à 59 ans en situation de grande vulnérabilité de sortir à la fois de la pauvreté économique et sociale.

« Il est nécessaire d’ouvrir les yeux sur ce cycle de vulnérabilité qui affecte une importante partie de la population. Les leviers tels que les services Info Apprendre et Info-Alpha offerts par la Fondation pour l’alphabétisation sont des outils tout indiqués pour déployer des approches d’aide sur mesure, telles que décrites par M. Langlois », commente le président de la Fondation pour l’alphabétisation, André Huberdeau.

« L’indice de vulnérabilité nous démontre de façon précise que la faible maîtrise du français est un frein à l’employabilité et à la progression sociale des individus. En travaillant ensemble à améliorer le taux d’alphabétisation, on agit à la fois autant sur la prospérité économique du Québec que sur la qualité de vie des citoyens », déclare le président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec, Karl Blackburn.

« L’amélioration des résultats globaux en littératie est un outil qui vise à la fois le développement social et économique du Québec. Bien cerner les sources des enjeux en littératie, qu’ils soient en milieu urbain ou en région, nous aide collectivement à définir les meilleurs outils d’intervention », souligne l’économiste Pierre Langlois.

Photo : L’amélioration des résultats globaux en littératie est un outil qui vise à la fois le développement social et économique du Québec. (Photo Unsplash)

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