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Spectacle de Gabriella : des millions de lumières et au-delà

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Jusqu’à jeudi dernier, le nom de Gabriella n’était qu’un nom abstrait pour la plupart des Pistolois. Certes, nombre de curieux ont consulté les archives en ligne sur Youtube et plusieurs plates-formes de musique, afin de découvrir qui était cette jeune et talentueuse chanteuse. Toutefois, la surprise aura su demeurer entière jusqu’au tout début du spectacle présenté à l’église de Trois-Pistoles le 18 octobre dernier.

C’est dans ce splendide édifice classé patrimoine mondial de l’UNESCO que s’est déroulé l’événement. 264 personnes étaient présentes. L’ambiance était d’abord calme et posée, à l’image de la gent pistoloise. Il arrive bien sûr de surprenantes visites d’artistes de calibre national tels que Richard Desjardins ou Patrick Norman, mais le plus souvent, la population est davantage conviée à des événements locaux et régionaux. Nul ne pouvait donc connaître d’emblée l’issue de cette étonnante prestation. Attentif, ce public est généralement réservé. Mais lors du spectacle de Gabriella, cette jeune femme de 31 ans, originaire de St-Basile-le-Grand, les choses furent tout autres.

La chanteuse et multi-instrumentaliste Gabriella Laberge, accompagnée de son violoncelliste et multi-instrumentaliste Zander Howard Scott, ont d’abord introduit le spectacle par de doux et mélodiques morceaux de leur répertoire. De prime abord, le public a pu constater toute la richesse du chant de l’artiste avec des morceaux tels que The Story of Oak et Millions lights, mais aussi son aisance en tant que musicienne. Maniant tantôt la guitare acoustique, la mandoline et le piano, elle a su surprendre l’audience par son incroyable jeu au violon. Ce dernier instrument, lequel semble faire prolongement de son corps, renvoie à la foule toute la sensibilité de l’artiste qui nous livre beaucoup plus que de la pop. Certes, l’artiste a participé à des émissions de talents telles que The Voice – France et America’s Got Talent et a su plaire aux amateurs du genre. Sa voix, à la fois douce et puissante, a su ravir les amoureux de grandes voix.

En revanche, bien que cette même voix, soit des plus maîtrisées, et qu’elle rappelle l’énergie de grandes chanteuses telles que Dolores O’Riordan, Sarah McLachlan, Kelly Clarkson et la douceur des voix de Marie-Pierre Arthur, Cœur de pirate et Ingrid St-Pierre, c’est un autre élément qui vient gagner les amateurs de musique. Comme bien d’autres spectateurs présents, j’ai pu remarquer l’énergie déployée progressivement par Gabriella et son acolyte du début à la fin de la prestation, notamment lors de l’excellente pièce Street Fight, un morceau qui devrait inévitablement atteindre les charts. Le spectacle, débutant par une ambiance intimiste, douce et feutrée, s’est progressivement transformé en un moment mélodique, énergique et passionné. Le tout débute avec un environnement connu, alors que l’artiste interprète à sa façon une chanson de Neil Young qu’elle s’est entièrement approprié. Puis vint le tour de Imagine de John Lennon, puis Science, un des classiques de Coldplay que j’avais déjà entendu auparavant. En fait, il s’agissait de l’interprétation préférée de mon ex-conjointe, laquelle a fait jouer le morceau en boucle pendant au moins deux ans dans notre cuisine. En terrain connu, l’artiste nous a tous transportés ailleurs, livrant une performance hors du commun, partageant l’enthousiasme de la foule et cette énergie communicatrice générée de part et d’autre.

Le jeu de Gabriella et Zander, lequel prend de plus en plus d’importance au cours du spectacle, est l’un des éléments qui a mis le feu aux poudres. Plus le spectacle avançait, plus on pouvait percevoir l’énergie des deux musiciens, leur talent à faire s’exprimer pleinement leurs instruments à cordes, sans pour autant dominer la mélodieuse voix de notre chanteuse. L’harmonie et l’équilibre entre musique et chant est parfait, l’un cède la place à l’autre sans devoir faire de compromis. Et qui est attentif a pu cerner la connivence et la complicité entre les deux artistes. C’est d’ailleurs cette chimie que l’on consomme tout au long du spectacle.

D’ailleurs, cette énergie rappelle celle du feu, lequel se consume doucement, crépitant avec subtilité au départ, mais s’embrasant de plus bel plus le temps passe. C’est ainsi que s’est déroulé ce spectacle de grand calibre. Et cela s’est senti à plusieurs reprises, puisque la foule, d’abord réservée, s’est mise à chanter, à siffler, à taper la mesure, alors que nos deux artistes déambulaient dans la rangée centrale de l’église, désireux de se rapprocher du public.

La sonorité de la salle, magnifiée par une technique de son professionnelle, un jeu impeccable aux cordes de la part de Gabriella et Zander, mais aussi de par l’acoustique incomparable des lieux (nous sommes dans une église construite entre 1882 et 1887 qui devait au départ devenir cathédrale, ne l’oublions pas), a su prouver qu’elle pouvait accueillir de grands noms désormais.

Grâce à Alain Panneton de Diffusion 3P, Trois-Pistoles a pu jouir d’un spectacle fort et riche en émotions, un spectacle grandiose qui vient magnifiquement couronner une première année de production. Il y a fort à parier qu’à l’heure où ces lignes sont écrites, nous comptions maintenant de nouveaux fans de l’artiste, laquelle nous a livré une performance incomparable et inattendue. La musique de Gabriella pourrait se résumer en ces quelques mots : passion, talent, profondeur et partage. C’est d’ailleurs avec une générosité à dimension humaine que le public lui a offert une ovation debout comme nous en voyons rarement ici. Le public était conquis, il n’en fallait pas plus pour le convaincre. Votre chroniqueur fait partie de ceux-là. Nul doute que parmi nous, plusieurs fredonnent encore la chanson Marlon Brando, confortablement assis dans son auto, en route pour le travail. J’en suis !

Une critique de Dany Larrivée

Photo: Gabriella a conquis son public le 18 octobre à l’église de Trois-Pistoles. (Photo courtoisie)

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