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Il ne faudrait pas oublier les chauffeurs-accompagnateurs au transport médical

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(Opinion du lecteur)-Les chauffeurs-accompagnateurs au transport médical n’ont droit à aucune reconnaissance de leur travail essentiel contrairement aux autres travailleurs de la santé, notamment la prime de dangerosité liée à la COVID-19 malgré les nombreux décrets et arrêtés ministériels diffusés en grande pompe par le gouvernement.

Pourtant, ils accompagnent et transportent plusieurs centaines d’usagers du réseau de la santé quotidiennement pour désengorger les civières et libérer des lits de nos établissements de santé. Le gouvernement du Québec s’est montré ouvert durant la dernière année à mettre en place des mesures pour s’attaquer à plusieurs enjeux du réseau, dont la rétention et l’attraction de son personnel infirmier, à l’aide d’incitatifs financiers. Il est grand temps d’étendre cette même vertu à l’un des piliers du réseau de la santé québécois : le transport médical.

Au début de la pandémie, les chauffeurs-accompagnateurs au transport médical de plusieurs régions du Québec ont été les seuls à avoir répondu présents pour accompagner et transporter les patients suspectés ou confirmés être atteints de la COVID-19 entre plusieurs établissements du réseau de la santé. Nous avons rapidement retroussé nos manches afin d’aider le réseau de la santé, et ce, sans remettre nos conditions de travail en question. Or, plusieurs autres services de transports alternatifs (transport adapté, taxis, etc.) ont préféré cesser ces déplacements essentiels lorsque les passagers présentaient des symptômes de la maladie.

Vêtus de nos lunettes, de nos masques N-95, de nos blouses et de nos gants, nous nous sommes rendus dans des lieux en éclosion pour déplacer entre les établissements de santé des patients, notamment dans les régions de Montréal, Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches, Laurentides, Lanaudière, Mauricie, Centre-du-Québec, Bas-St-Laurent, Côte-Nord et Abitibi-Témiscamingue. Plusieurs établissements ont même eu recours à nos services par l’entremise de véhicules dédiés à cette pandémie. Au Québec, nous pouvons déplacer plusieurs centaines d’usagers par jour de leurs résidences vers des hôpitaux ou d’autres établissements de santé pour y recevoir des soins spécialisés.

Les services de transports médicaux sont essentiels pour la logistique du réseau de la santé et de l’État et agissent en complémentarité aux services ambulanciers. Notre employeur, Dessercom, est toujours sans réponse à de nombreuses demandes faites au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) pour que tous les chauffeurs-accompagnateurs soient reconnus comme des travailleurs de la santé et leur permettre de profiter des nombreux avantages remis à d’autres travailleurs de la santé en première ligne.

Force est de constater que le manque de leadership et d’une directive claire des fonctionnaires au MSSS ont malheureusement conduit à des décisions incohérentes et à géométrie variable des établissements. Après tous les risques pris par notre corps de métier durant la pandémie, nous nous attendons à une équité salariale comme tous nos collègues du domaine. Difficile de ne pas éprouver une certaine amertume envers le gouvernement du Québec et le MSSS après avoir risqué notre santé, pris toutes les précautions nécessaires pour réduire la propagation du virus et surtout après avoir supporté le système de santé chaque jour tout au long de cette pandémie, notamment lors du délestage des services dans plusieurs régions. Nous avons effectué plus de 10 000 accompagnements pour les établissements de santé.

Nous sommes des travailleurs de la santé, majoritairement vaccinés, qui méritent une équité à l’instar des autres corps de métier quant à la reconnaissance et aux primes octroyées. Qui plus est, il est grand temps que le MSSS prenne conscience que nous existons dans leur vaste réseau et que leurs patients ne se déplacent pas comme par magie du point A au point B sans l’intervention d’accompagnateurs dûment formés pour assurer une sécurité lors du transport, des soins de base et un confort digne des attentes de la population québécoise et ses contribuables. C’est sans compter que sans nous, la logistique des transports serait un casse-tête abominable pour les gestionnaires du réseau.

Nous demandons au ministre de la Santé et des Services sociaux de revoir les décrets et arrêtés ministériels relatifs aux primes COVID-19 ainsi que ceux concernant la définition des critères pour se qualifier comme travailleurs de la santé. Le gouvernement doit démontrer de la transparence, de l’équité et être inclusif à l’endroit de leurs anges gardiens, qui viennent contribuer au maintien des divers services de santé des Québécoises et Québécois.

Par M. Normand Labrosse, chauffeur-accompagnateur au transport médical

Photo: Normand Labrosse, chauffeur-accompagnateur au transport médical. (Photo courtoisie)

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