Dany Larrivée a été directeur-général de la Municipalité de Saint-Simon-de-Rimouski, en 2017-2018. Il réagit ici à la démission du maire Wilfrid Lepage. Il n’est pas simple de diriger. Le poids des décisions pèse, l’adversité sévit constamment. Les nuits sont courtes et tissées de réflexion. On y travaille plus qu’on y dort. On dirige de jour, on gère de nuit. On rêve d’un projet les yeux grands ouverts, on songe à comment y parvenir en tentant de fermer l’œil, mais le sommeil ne vient pas.
Au moment d’exprimer sa position, même en consultant ses semblables, on rencontre toute sorte de gens : des optimistes et des rêveurs, des utopistes et des visionnaires, des récalcitrants et des pessimistes, d’autres qui s’acharnent pour que rien ne bouge et rien ne change. Cette dernière catégorie de personnes s’acharne également à souligner ce qui ne va pas, sans jamais proposer de solution ni accepter la moindre proposition. Mais on ne peut les ignorer, car ceux-ci font partie du bassin consulté pour qui l’on doit aussi œuvrer. Il faut respecter la vision et la perception de chacun dans un esprit démocratique, faire des concessions et remodeler, réviser, planifier et ajouter une nuit blanche de plus au calendrier.
Le jugement au sein de l’assemblée, le dos bien calé dans le siège de l’auditoire, semble facile. Une impression est exprimée, une idée est débattue, mais elle a peu de conséquence. L’élu, le politicien, le décideur, lui, doit peser chacun de ses mots, réunir tous les points à considérer, réfléchir pour chacune des têtes qui composent son milieu. Et il doit également penser au-delà, penser aux exigences des divers ministères, des institutions, des MRC, municipalités voisines avec qui il partage des services essentiels en plus de la population sous son égide. Et il doit le faire en ayant à l’esprit les coûts et les impacts du projet, il doit peser le bien-fondé de la chose, ses conséquences, sa faisabilité, sa durée. Il doit penser aux ressources dont il dispose pour y parvenir, estimer si c’est possible. Et si ce ne l’est pas, comment rendre tout ceci faisable, viable, pérenne. Comment faire glisser l’utopie au rang de projet concret. Non, la réponse de l’élu n’est pas une réponse simple. C’est une réponse plurifocale, une pièce jouée à plusieurs mains.
MERCI MONSIEUR LE MAIRE
Wilfrid Lepage, avec lequel j’ai travaillé pendant un peu plus d’un an à titre de directeur général, en a passé des nuits blanches. J’en ai passé moi aussi. A-t’il toujours agit avec en tête un Saint-Simon plus vivant ? Très certainement ! Et ici, aucun procès d’intention.
Que celui qui croirait mieux faire lui jette la première pierre ! (et pas un caillou ne devrait bouger du sol au moment de poser cette ultime question). Est-ce que les façons d’y parvenir ont toujours été les meilleures ? Possiblement que non. Et la raison en est bien simple : il n’existe pas de décisions sans conséquence, de projet unanime, de façon parfaite d’orchestrer un idéal.
M. Lepage aura été maire de Saint-Simon pendant près de 6 ans, malgré vents et marrées. Que vous ayez été d’accord avec son point de vue, que vous vous soyez posé entre l’élu et ses idéaux, rien de cela n’a d’importance à ce stade. Ce qui est fait a été fait et durera le temps que dure une infrastructure, une mémoire et quelques générations.
Demain encore, vous verrez le centre communautaire accueillir fêtes et activités. Demain encore vous verrez le parc comestible et ses quelques curieux qui y déambuleront. Demain encore, vous verrez l’école primaire encore debout, car les élus se sont battus pour elle. Demain encore, vous verrez des commerces, des terres, une zone résidentielle en bord de mer à faire rêver les vacanciers, un petit chemin qui ne payait pas de mine et qui, dans les prochains temps, deviendra un sentier prisé où dorment les restes d’un moulin du siècle passé. Demain encore, vous traverserez le fameux Saint-Simon, au sortir de Trois-Pistoles. Saint-Simon-de-Rimouski vous accueillera là où le fleuve borde terres et vallées, ce Saint-Simon-de-Rimouski auquel a fièrement contribué Wilfrid Lepage, personnalité obstinée auquel vous devriez, comme moi, témoigner un grand respect, car il a su rester debout, jour et nuit, pour rêver un Saint-Simon parfois impossible, parfois difficile, mais aussi changeant que l’avenir l’exige.
Pour tout cela, pour le travail fait et les nuits qu’on vous a volé, M. Lepage, merci !